mercredi 26 décembre 2012

Regarder son enfant pour l’aider à grandir...suite

Le compte rendu d'une soirée qui a eu lieu genre plusieurs semaines avant ça vous dit ? Non pas trop hein : ça fait loin ! Tant mieux parce qu'en fait, ça ne sera pas vraiment un compte rendu mais simplement quelques réflexions ou plutôt quelques précisions sur le débat qui s'en est suivi. Enfin bon, pour cela, il faut quand même que je vous dise en quelques mots de quoi il en retournait, afin de rafraîchir la mémoire des personnes présentes et histoire d'intéresser quand même les nouveaux arrivants ici, les absents et les excusés.

Ça se passait donc à la Maison des associations, au 28 rue Denfert Rochereau à Lyon 4. Nous étions le jeudi 22 novembre et c'était organisé par  La cause des parents.  

Il s'agissait d'une soirée débat avec des extraits du film "Entre parents et enfants : à l'aventure de la motricité" C'est aussi pour cela qu'il n'y aura pas vraiment de compte rendu (regarder un film et prendre des notes en même temps est un exercice que je ne maîtrise pas vraiment, et puis d'ailleurs j'ai horreur qu'on me raconte un film... bref !)

Sylvie Mugnier, psychologue clinicienne et formatrice à l'association Pikler était venue présider la soirée. Dans un premier temps, elle nous a présenté brièvement les travaux d'Emmi Pikler et nous a expliqué ce que l'on entendait par "Motricité libre".

Pour rappel, Emmi Pikler était une pédiatre hongroise (9 janvier 1902 Vienne/ 6 juin 1984 à Budapest). "Diplômée de la faculté de médecine de Vienne, elle part s'installer à Budapest. En 1947, on lui propose de prendre la direction de la pouponnière de Lóczy, créée pour les orphelins de guerre. Elle met alors en place une approche éducative et médicale innovante, en posant comme principes la libre activité de l’enfant, son bien-être corporel, la qualité du soin et la relation privilégiée avec l’adulte qui s’en occupe ('référent'). Très vite, la formidable réussite de Lóczy fait école. Et aujourd'hui encore, la philosophie d'Emmi Pikler jouit d'un intérêt grandissant" Les plus perspicaces d'entre vous auront remarqué que je vous l'ai joué à la Houellebecq et que je n'ai fait que recopier Wikipédia. 

La soirée de la cause des parents concernait donc un des trois fondements de la théorie éducative d'Emmi Pikler à savoir la motricité libre. Cela consiste"à laisser libre cours à tous les mouvements spontanés de l’enfant sans les lui enseigner, (ndlr : on ne met pas le bébé sur le ventre pour qu'il joue si il ne sait pas se retourner tout seul, on n'assoit jamais l'enfant avant qu'il ne le fasse seul, on ne le fait pas marcher en lui tirant les bras) dans un environnement sécurisé. Il se base sur l'idée que aussi bien les contraintes empêchant l'enfant de bouger, que les incitations trop précoces à accomplir des gestes non maîtrisés par l'enfant, retardent son développement ou son autonomie. Utilisée d'abord dans un cadre familial, puis étendue à la pouponnière de Lóczy, cette théorie, novatrice à ses débuts en 1920, est pour partie largement intégrée dans les pratiques éducatives actuelles en France sous l'impulsion de Françoise Dolto, et continue à faire l'objet de recherches complémentaires". (Ainsi s'achève la contribution de Wikipédia à ce billet avec mes remerciements)

Dans un premier temps donc Sylvie Mugnier nous a surtout présenté les différentes étapes posturales du bébé afin que nous puissions mieux apprécier le film et que tout le monde sache comment et où observer pour comprendre l'intérêt des images. Cette présentation avait pour but aussi de prouver que ce n'est pas parce que le bébé n'est pas maintenu assis ou mis debout qu'il n'est pas actif et qu'il ne peut pas jouer. Vous retrouverez toutes ces postures dans la petite vidéo qui suit et si vous voulez aller plus loin vous pouvez aussi, comme Sylvie vous l'a proposé vous procurer le livre "Se mouvoir en liberté dès le premier âge" dont les croquis de cette vidéo sont tirés.






S'en est suivi la projection du film (on les excuse pour les petits incidents techniques au démarrage!) puis d'un débat  durant lequel les participants ont posé d'intéressantes questions auxquelles je n'avais jamais réellement pensé.

Une maman adepte du portage (comme visiblement de nombreuses mamans présentes à la conférence) s'est interrogée sur la compatibilité entre portage et motricité libre. Je la comprends. Cette maman a sans doute choisi de porter son enfant dans une optique de maternage proximal avec pour but de sécuriser son bébé au maximum et de lui apporter confiance et sérénité. On peut comprendre qu'elle soit perplexe quand au fait de laisser son bébé se débrouiller seul sur un tapis de jeu sans prendre part à son apprentissage moteur. Pourtant ce n'est pas incompatible.

D'abord, la motricité libre n'a pas d'intérêt pour un tout petit qui sort à peine de la maternité. Cela ne deviendra intéressant pour lui que dans la mesure où ses progrès lui permettront d'être véritablement actif sur le tapis. Ce n'est que lorsque le bébé commence à découvrir ses mains avec intérêt qu'on peut envisager de lui proposer des séances de motricité à terre sur un tapis. Ça laisse ainsi aux mamans maternantes 3 bons mois durant lesquels elles pourront se livrer à un portage intensif.

Ensuite il ne s'agirait pas de croire que la motricité libre est une méthode d'apprentissage qui a des règles strictes et qui doit être appliquée 24 h sur 24. Nous ne sommes pas à Lóczy et nous cherchons simplement à adapter ce qui peut nous être utile au quotidien. On ne vous demande pas d'abandonner votre enfant au sol tel un vulgaire ver de terre et de ne plus vous en occuper que de loin. C'est simplement un état d'esprit à acquérir, une philosophie à suivre qui vous propose des alternatives. Là ou d'autres personnes vont déposer leur bébé dans un transat pour jouer, ou vont le caler entre des coussins pour qu'il soit assis, vous vous saurez (parce qu'on vous l'a démontré et que vous vous en rendrez vite compte par vous-même) que votre enfant est plus actif si il est couché à plat dos sur un tapis avec autour de lui des objets choisis méticuleusement pour exercer sa curiosité naissante.

Les séances de motricité et d'activité libres doivent être adaptées en longueur aux capacités et à l'intérêt de l'enfant pour l'exercice. Au début ça ne représentera que peu de temps sur une journée entière et ça vous laissera de grandes plages de temps pour le portage.

Peut être certains d'entre vous auront cru que c'était la verticalité qui posait problème (on m'a déjà demandé comment je faisais si je n'asseyais pas les enfants pour les faire roter après le biberon). Ce n'est pas le fait que les enfants soient verticalisés comme dans le portage qui pourrait être néfaste. C'est le fait qu'ils le soient sans être soutenus correctement. Donc oui à la maison, ils ont droit à leur petit rototo puisqu'ils sont soutenus par mes mains et mon corps tout entier, et non à mon sens, le portage, à condition qu'il soit effectué à l'aide d'un système physiologique (pas comme dans un Babybjorn par contre) n'est pas incompatible avec la liberté de se mouvoir. Tout est question de dosage. Une journée est assez longue pour pouvoir jongler entre les deux.

Reste le cas de ces mamans pour qui il est inconcevable de se détacher physiquement de leur petits ne serait-ce que quelques minutes et qui ont choisi (mais est-ce bien un choix  ou cela cache-t-il simplement autre chose ?) d'être des mamans kangourous exclusivement et ce jusqu'à ce que leur enfant soit déjà bien grand. A ces mamans, je proposerai de s'interroger sur le sens étymologique du mot éducation : du latin ex-ducere, guider, conduire hors. Le but de l'éducation n'est-il pas de donner toutes les bases à un enfant pour en faire quelqu'un d'épanoui capable de se détacher de nous et de se débrouiller seul ? Et c'est une personne qui au départ a choisi le métier d'assistante maternelle parce qu'elle était incapable de confier ses enfants à qui que ce soit qui écrit ces mots !

Pour conclure sur cette question, je voudrais aussi signaler que le film ne traitait que de la motricité libre et que nous n'avons donc pas aborder l'autre versant des travaux d'Emmi Pikler qui concerne la qualité des soins apportés au bébé. Sans connaissances sur cette autre partie tout aussi importante de la théorie éducative d'Emmi Pikler, le spectateur non averti peut avoir un peu plus de mal à s'apercevoir que nous nous inscrivons là dans un concept de bientraitance qui est tout à fait compatible avec les valeurs prônées par le maternage proximal.

Ça n'a pas été évoqué lors de la réunion mais je voudrais quand même rajouter que si le couple portage/motricité libre est très bien assorti, je resterais plus dubitative sur le couple couches lavables/motricité libre.

En effet, j'ai pu moi même remarquer que dans certains cas, les couches lavables par leur raideur ou leur épaisseur pouvaient entraver la motricité des bébés qui sont alors gênés au niveau du bassin notamment. Peut être que le problème n'est pas présent pour tous les systèmes de couches lavables. Je n'ai pas assez d'expérience en la matière. il me semble que le problème est d'autant plus important si l'on a choisi un système de couches à taille unique dans lesquelles on est obligé au début de créer des surépaisseurs avec les langes à l'intérieur de la couche. De même, comme les bodys ne sont pas encore prévus pour l'utilisation de ces couches plus imposantes que les couches jetables, ils sont souvent trop serrés et empêchent l'enfant de lever les jambes avec aisance. Peut être aussi que nous manquons encore de confiance face à ces couches lavables et que nous les serrons trop par peur des fuites ! Du coup l'enfant par notre faute se retrouve saucissonné et n'est pas vraiment libre de ses mouvements. Ceci dit son développement est alors retardé de quelques semaines mais le petit finit toujours par trouver une solution quand même ! C'est tellement mignon de voir un tout petit jouer au commando que Nounou est peut être simplement trop pressée !

Une autre question semblait aussi tarauder l'assistance : celle de la sécurité de l'enfant. En effet dans le film, on voit une très jolie séquence où un bébé "rampeur" arrive sans difficulté à descendre une marche non sans avoir au préalable juger de la faisabilité de son action en jaugeant avec son bras pour savoir si il pouvait réellement le faire. Cette scène a bien fait comprendre aux spectateurs que si nous avions peur de ce genre de situation c'était en grande partie parce que nous ne faisions pas confiance à l'enfant et à ses compétences. L'enfant lui maîtrise la situation et le film montre bien que toute intervention de l'adulte est inutile. 

Des mamans ont alors demandé ce qu'il se serait passé si il n'y avait pas eu une marche mais plusieurs. L'enfant n'aurait pas pu se rendre compte de la difficulté et serait alors tombé. Dans le meilleur des cas, l'adulte aurait pu éviter l'accident en empêchant le bébé de se lancer dans cette action et en l'arrêtant avant. Mais dans ce cas, ce qui gênait l'assistance c'était l'incohérence entre le fait de faire confiance à l'enfant et le fait de lui interdire cette action. On ne pouvait pour autant pas le laisser faire, le risque étant trop grand. 

Pour tout dire, cette question me fait un peu peur. Ce n'est pas parce qu'on vous demande de faire confiance à l'enfant qu'il faut le laisser faire tout et n'importe quoi ! Vous avez toujours une obligation de protéger l'enfant des dangers de l'environnement même si vous le laissez se mouvoir en liberté. Il n'est pas question de l'élever tel un enfant sauvage. Par contre c'est à vous de faire en sorte de ne pas être confrontés à cette incohérence entre interdire et laisser faire en anticipant les situations. A vous de réfléchir et de sécuriser les lieux afin que le bébé soit libre de se mouvoir sans risque. L'anticipation basée sur l'observation de votre enfant et de ses capacités est la clé du problème. Il n'est bien évidemment pas question de laisser un petit seul devant un escalier abrupt. Mais à vous de faire en sorte que vous ne soyez jamais obligés de lui interdire. D'ailleurs même Wikipédia vous le dit : la motricité libre se pratique dans un "environnement sécurisé" ! 

Je vais m'arrêter là, j'ai déjà beaucoup parlé et j'ai peur d'avoir déjà perdu des lecteurs en route ! Si vous avez participé à cette soirée et que vous avez des choses à rajouter, je vous invite à le faire par le biais des commentaires.








vendredi 28 septembre 2012

Un lien très intéressant : Regards croisés sur l'enfant (Pikler/Montessori)

Cet article, pour parler franchement je l'écris autant pour vous, amis lecteurs, que pour moi. Pour moi, parce que j'ai peur de perdre l'adresse de l'un des liens les plus intéressants que j'ai pu lire ces temps-ci (d'autant plus, qu'avouons le, je n'ai pas encore eu le temps de tout explorer à fond) et pour vous, car je sais que vous êtes nombreux à avoir réfléchi sur une corrélation entre les approches piklerienne et montessorienne de l'éducation. Notamment, on m'a souvent demandé si la pédagogie Montessori pouvait prendre le relais, voire venir en complément de l'approche Pikler, pour les enfants de plus de 2 ans par exemple.

Après avoir lu  "Éveiller, épanouir, encourager son enfant : la pédagogie Montessori à la maison" j'avais eu un début de réponse que j'avais d'ailleurs retranscrit dans un post consacré à cet ouvrage. J'avais alors noté que, tout comme chez Pikler, la pédagogie Montessori se basait sur une observation intensive de l'enfant et de ses besoins. J'avais bien entendu aussi remarqué que dans les deux approches on visait l'autonomie de l'enfant : cela va de soi.  

Le lien que je vous propose maintenant va vous.... me.... nous permettre d'aller plus loin dans cette démarche. Il propose d'étudier deux écrits, l'un d'une nurse Pikler et l'autre de  Mme Patricia Spinelli, directrice de l’Institut Supérieur Maria Montessori et de mettre en évidence les points de similitude.

Ce lien vous le trouverez chez Montessori "En ce nid" :


Il est aussi publié chez les Vendredis intellos

Bonne lecture !

jeudi 17 mai 2012

De la pertinence du bricolage chez Nounou : Où commence la douce violence ?

Lorsque j'ai proposé mon dernier post présentant des idées de bricolage pour la fête des mères sur la page Facebook du blog, nous avons eu avec une collègue assistante maternelle, un début d'échange très intéressant sur le thème de la douce violence. En effet, pour reprendre les mots de cette personne, on nous dit parfois que le fait de prendre la main de l'enfant et de l'apposer dans de la peinture ou pâte fimo, peut être considéré comme de la "douce violence" puisque celui-ci n'est pas dans la demande ou dans la possibilité de répondre à nos consignes. Du coup, cette jeune collègue ne pratique plus ces prises d'empreinte des mains pour faire un petit souvenir aux parents de peur qu'effectivement cela s'apparente à de "la douce violence".

J'aurais beaucoup aimé que d'autres personnes viennent nous donner leur avis sur la question mais malheureusement, nous sommes restées un peu seules avec notre questionnement. Si notre conversation n'a pas eu un franc succès, c'est peut être tout simplement que de nombreuses collègues assistantes maternelles ne connaissent pas encore ce terme de "Douce Violence".

Donner une définition claire de ce concept n'est pas si aisé que cela car, et c'est bien là le coeur du problème, cela dépend beaucoup de la subjectivité de chaque personne. On peut néanmoins dire qu'on appelle "Douce violence "tous les gestes inappropriés, toutes les pratiques, toutes les paroles imposées à l’enfant, sans le prévenir, souvent dans le but de privilégier les intérêts propres du professionnel par rapport aux intérêts de l'enfant. Tout cela n'est pas réalisé dans le but de faire mal à l'enfant, bien souvent on pense même le faire "pour son bien". Cela représente toujours un contrôle et une domination de l'adulte sur l'enfant qui impose quelque chose parfois contraire au développement du petit. Parmi les douces violences repérables dans les pratiques professionnelles et qui ne laissent que peu de place à la polémique, on peut noter :
  • réveiller un enfant qui dort ou ne pas le coucher parce que ce n'est pas l'heure
  • dire à un enfant qu'il est méchant ou vilain
  • obliger un enfant à manger
  • critiquer un parent devant son enfant........
Il y a aussi toutes celles que je réalisais au début de mon activité en pensant bien faire comme par exemple mélanger tous les ingrédients dans l'assiette de l'enfant sans qu'il en ait fait la demande (je pensais comme cela camoufler le goût de certains aliments, or  je me rends compte maintenant que c'est nuire à l'apprentissage des goûts et renier le droit de l'enfant de préférer ou de refuser certains aliments.

Là où ça se complique, c'est lorsque ce qui a été repéré comme étant potentiellement de douces violences sont en fait pour vous des actes de bientraitance au contraire comme par exemple chez moi, tout ce qui rentre dans des rituels créés pour aider l'enfant à se repérer dans le temps et dans l'espace comme ranger les jouets un peu avant l'arrivée des parents ou bien toujours avoir la même place à table. C'est là que la subjectivité de chacun entre en jeu.

Pour vous faire une idée, je vous invite à parcourir le site  http://douceviolence.free.fr/  qui lui-même vous emmènera vers de possibles lectures sur le sujet.

Qu'en est-il de notre empreinte alors ? Une chose est sûre. L'enfant lui, n'a rien demandé. Il subit sans possibilité de refuser un acte qu'il ne comprend pas, qui n'a aucun intérêt pour lui et qui n'est franchement pas d'une utilité incontournable pour son développement. Mais faut-il aller jusqu'à dire qu'il s'agit d'une "douce violence" ? Personnellement je n'aime pas réaliser ce geste. Si on cumule le fait de contraindre l'enfant et le coup de stress que cela me provoque en pensant que le bébé va peut être avoir la brillante idée de préférer porter la main à sa bouche, je ne vois de plaisir nulle part, sauf peut être, plus tard, dans les yeux de la maman qui va recevoir le présent ! D'ailleurs en réfléchissant, je m'aperçois que depuis que je ne fais plus participer les bébés aux séances de bricolage des grands, je ne fais plus d'empreinte de la main mais plutôt du pied que je réalise au cours du soin/change en l'intégrant à un petit massage sans trop perturber donc, le rituel du change.

Toutefois, je n'irais pas jusqu'à inciter mes collègues à ne plus réaliser ce geste lorsqu'il n'est qu'occasionnel. Je ne pense pas que le fait d'avoir trempé, sans consentement préalable, une fois ou deux la main dans la peinture va faire de l'enfant une rente à vie pour son futur psy. Je préfère de loin les amener à s'interroger de manière plus générale sur l'utilité de faire réaliser des "bricolages" à des tout petits de moins de 2 ans. A mon sens, c'est plutôt là que se situe la douce violence. Je suis toujours gênée quand je vois sur des photos des enfants coincés dans des chaises hautes en train de barbouiller une feuille "aidés" de façon très directive par leur nounou. Je me demande vraiment ce que peut en retirer l'enfant et surtout je pense à toutes les choses beaucoup plus intéressantes pour son développement, qu'il aurait pu réaliser pendant ce temps là. 

C'est vrai que souvent, les parents sont demandeurs d'oeuvres d'art à rapporter à la maison, histoire d'avoir la certitude que le petit ne s'est pas ennuyé chez Nounou. Les assistantes maternelles elles-mêmes, dont moi quand j'ai débuté dans la profession, peuvent avoir l'impression qu'elles ne pourront pas montrer aux parents qu'elles ont travaillé si il n'y a pas de preuve matérielle. Heureusement pour moi, très vite lors de mes recherches sur le net, je suis tombée sur un texte écrit par Josée Lespérance qui vous explique en détail qu'il n'en est rien et qui vous donne des pistes pour vous "désintoxiquer" du bricolage. Le texte se trouve là : 


Vous remarquerez que l'on parle là d'enfants de 18 à 24 mois. Vous jugerez de vous même ce que l'on peut penser du bricolage chez les petits de moins de 18 mois !!











samedi 24 mars 2012

Motricité du tout petit : "Y veut pô"

Dans ma dernière note sur Pikler, je vous parlais de la réunion du groupe Lyonnais de l’association Pikler Loczy intitulée : Je joue, donc je pense ! Les enjeux du jeu dans la construction de la pensée. On a donc encore parlé de Motricité libre. Si vous avez bien tout suivi (sinon au boulot) vous savez déjà en quoi consiste une séance de motricité libre avec un tout petit. 

Pourtant, lorsqu’il m’arrive d’en parler avec mes collègues, elles me disent souvent : « Ah oui, mais le "mien", il ne veut pas rester sur le tapis ! Il hurle » Partant de ce postulat : « Y veut pô !! », je vais tenter de vous expliquer comment ça se passe chez moi, tout en essayant de repérer ce qui pourrait ne pas coller chez vous. Passons donc de la théorie à la pratique. 

Donc voila, une séance de motricité libre pour un tout petit, ça consiste à le déposer au sol sur un tapis dans un environnement que vous aurez choisi pour lui, entouré de jeux méticuleusement sélectionnés en fonction de ses capacités et de son développement et le laisser jouer sans intervenir directement dans ses jeux. 

Chez moi, j’ai choisi ce type de tapis (j’en ai acheté 2) : 

photo du site Bourrelier Education


Niveau confort, c’est l’idéal. Je regrette peut être simplement de l’avoir choisi si épais, les 4 cm d’épaisseur m’obligent parfois à sécuriser tout le tour lorsque les bébés ne maitrisent encore pas bien les retournements. Un petit 2 cm aurait probablement suffi. Mais bon, d’un autre côté, ces tapis n’auraient peut être pas résisté à l’épreuve du temps ; au prix où ça coûte autant ne pas avoir à en racheter tous les ans !!! Ceux là tiennent le choc depuis 6 bonnes années alors que, lorsque je n’ai pas de bébés à la maison, ils sont recyclés en tapis de gym pour les plus grands (dans les plus grands, j’inclus la nounou quand un brin de volonté se présente, vous savez les bonnes résolutions tout ça……). Et puis d’un autre côté, lorsque les bébés deviennent un peu plus hardis, le franchissement de cet obstacle de 4 cm s’avère être un jeu à part entière. Donc au final, le pour et le contre s’équilibrent. 

A cette étape là, l’erreur à ne pas commettre serait de choisir un tapis trop mou dans lequel l’enfant s’enfoncerait et qui gênerait donc sa motricité ou un tapis trop fin et trop léger qui se « déroberait » sous les mouvements de l’enfant. 

On serait tenté de déposer directement l’enfant sur le tapis, profitant de cette surface facilement lavable mais c’est oublier que ce revêtement plastique peut sembler très froid au petit et il vaut mieux recouvrir tout cela d’un drap. 

En ce qui concerne les jeux, ils doivent être simples, adaptés au développement de l’enfant et déposés sur le tapis (l’enfant ira se servir tout seul), surtout pas dans les mains de l’enfant. 

Ici, lorsque mini-crevette est arrivée aux alentours de 3 mois, ses jeux préférés c’était ça : 

Des tissus divers, des "trucs" antidérapants pour baignoire, un porte savon en plastique mou, des bouées  et bien sûr Sophie la girafe... 


Le gros truc rose, c’est une éponge de bain au départ comme celle-là : 


Oui elle est un peu déformée car quand on est en manque de bébés dans la maison, elle est, elle aussi, recyclée  par les plus grands et devient un filet pour pécher les requins ! Mais du coup, elle n’en est que plus intéressante pour les tout petits, car ils peuvent l’attraper encore plus facilement. Les bouées, c’est pour leur légèreté que je les ai choisies. 


On va laisser l’enfant manipuler seul ses jeux : il est donc important de ne pas choisir des jouets trop lourds. La balle à picot très souple (merci Valérie) est volontairement peu gonflée pour permettre une meilleure préhension par l’enfant.



Votre mini-crevette à vous ne veut pas rester sur le tapis ? Il faut peut être repenser son installation. Mini-crevette est peut être vraiment trop mini. Comme le disait Jean-Robert Appell dans sa conférence, les séances sur le tapis ne sont intéressantes que si l’enfant commence à s’intéresser à ses mains. Mini-crevette se sent peut être perdue sur le tapis : il faut alors restreindre l’espace en entourant l’enfant par des tissus (des serviettes de bains par exemple) et lui faire ainsi une sorte de petit cocon dont les dimensions seront plus adaptées. Il se peut aussi que le problème vienne du type de jeux choisi. Au départ, l’enfant va les attraper surtout par hasard. Pas la peine de dépenser des fortunes dans des jeux du commerce ; de simples morceaux de tissus colorés suffisent à son bonheur. 

A la maison, quand mini-crevette s’est transformée en razmoket, (on en est à l’étape commando !) ses jeux ont évolué. Maintenant elle s’intéresse surtout à ça :

Toujours les "trucs" antidérapants, les bouées, un trousseau de "poissons", un miroir  et sa structure  en mousse, un gros cube en tissus avec des choses dedans qui l'intéressent mais qu'elle ne sait pas encore atteindre, un hochet avec un grelot, des livres en carton ....


Certains jeux sont restés. Elle n'a pas fini de les explorer. Je n'enlève un jouet que lorsque je suis sûre que l'enfant ne s'y intéresse plus. Le miroir, ça fait vraiment partie des jeux que je ne regrette pas d’avoir acheté. Vraiment un bon investissement. C’est une valeur sûre. L’une des dernières utilisations de cet objet par la petite qui a maintenant 7 mois était passionnante à observer. Elle avait sans le vouloir retourné le miroir de façon telle qu’elle ne le voyait plus. Elle a passé 10 bonnes minutes à essayer de le remettre dans le bon sens, ce qui en dit long sur son évolution quant aux notions de permanence de l’objet et de géométrie.




Les poissons, elle aime bien les frapper au sol et vérifier si ça fait bien toujours du bruit. Vous remarquerez que si elle a fait le tour de la question concernant l’éponge (elle ne s’y intéresse plus) les bouées elles, sont toujours présentes. Il va de soi que ces jeux en plastique gonflable qui ne sont pas vraiment « prévus » pour les tout petits, retourneront dans les placards lorsque les dents feront leur apparition ! A la place, on sortira des corbeilles, ou autres contenants que l’enfant pourra remplir ou vider à sa guise. 

Alors, vous allez me dire que vous avez fait tout ça, mais que ça ne marche toujours pas : « Y veut toujours Pô » Peut être que l’emplacement du tapis est mal choisi. Il ne s’agit pas d’isoler l’enfant qui doit voir ce qu’il se passe dans la maison. Peut être aussi que sa tenue n’est pas adaptée. Un joli jean à la mode, c’est super beau pour aller jouer les belles au parc dans la poussette, mais sur le tapis ça peut entraver les mouvements. Si votre mini-crevette, ne peut même pas lever les jambes, effectivement ça ne va pas l’intéresser longtemps ! Mieux vaut lui enlever. Bien sûr les chaussures ne sont pas nécessaires non plus. Elles sont même totalement contre-indiquées. Si vraiment l’enfant semble ne pas accepter le tapis, vous pouvez dans un premier temps vous coucher avec lui, à ses côtés. Votre présente le rassurera. Au départ, les séances ne sont pas forcément longues. A la maison, on a commencé par des périodes d’une dizaine de minutes pas plus ! Il ne faut pas désespérer : ce n’est pas parce que ça n’a pas fonctionné une fois, que ce sera toujours pareil. Oui des fois « Y veut pô ». Le moment était peut être tout simplement mal choisi. Chez moi par exemple la petite est plutôt du matin ! L’après midi, elle aime mieux les bras de Nounou !! 

Une dernière chose aussi : je suis persuadée que ça ne peut marcher que si vous-même vous êtes convaincus des bienfaits que vous apportez au bébé en le laissant se mouvoir en liberté. Et pour ça, y’a pas de miracle, il faut se documenter, observer, apprendre. Livres, vidéos, conférences, sites internet : à vous de choisir votre méthode.

vendredi 17 février 2012

Je joue, donc je pense ! Les enjeux du jeu dans la construction de la pensée


Revenue d’outre-tombe ou presque (petit voyage que je dois à une sympathique grippette) je suis enfin en mesure, après un léger retard, de vous proposer mon compte rendu sur la réunion Pikler qui a eu lieu le 8 février 2012 à Lyon au Collège Gilbert Dru. Cette soirée ouverte à tous les professionnels de la petite enfance, ainsi qu’aux parents, avait pour thème : JE JOUE, DONC JE PENSE ! Les enjeux du jeu dans la construction de la pensée. 

Elle était animée par Jean Robert Appel, éducateur de jeunes enfants et formateur à l’association Pikler, et s’est déroulée en 2 temps. Tout d’abord, nous avons visionné une vidéo dans laquelle nous avons pu observer des enfants dans leur première année en activité libre, puis un débat a suivi durant lequel l’animateur a approfondi le sujet et nous a donné la parole.

Les lyonnais avaient répondu présents cette fois-ci contrairement à la précédente soirée spéciale « assistantes maternelles ». La salle, sans être pleine comme un œuf, comme ce fut parfois le cas pour d’autres réunions, était toutefois abondamment remplie par un public varié puisque lors des discussions, nous avons pu entendre aussi bien du personnel de crèches, que des assistantes maternelles ou des parents.  

Jean Robert Appel a commencé par se présenter. Je ne le connaissais pas. C’est la première fois que j’assistais à une de ses conférences et je ne regrette pas le déplacement. C’est un homme qui travaille sur Angers à mi-temps pour une association de 10 structures d’accueil dans laquelle il est coordinateur pédagogique, et à mi-temps pour la formation continue. Autant dire qu’il maîtrise son sujet. J’ai beaucoup aimé sa façon de mener les débats, sachant mixer à la fois la simplicité et le « jargon professionnel » afin que chacun trouve son bonheur dans ses propos.

Il nous a fait une brève présentation d’Emmi Pikler insistant sur le fait que l’on cite souvent, pour parler de son approche de l’éducation, de « Loczy » du nom de la rue où  était installée depuis 60 ans la pouponnière qu’elle a dirigée (elle a fermé au printemps dernier) en oubliant de parler de la pédiatre elle-même. Il a ainsi rappelé qu’au départ, elle a travaillé avec les parents et a résumé succinctement son travail en nous livrant les deux grandes idées fondamentales :

-         la liberté de mouvement ;
-      l’importance de la relation établie entre l’enfant et l’adulte qui s’en occupe, basée sur la qualité des soins.

Avant de passer au sujet du jour, il nous a rappelé que les recherches faites à Loczy, ont toujours été réalisées en s’adaptant à la vie des enfants et n’ont donc jamais été envahissantes et dérangeantes pour les bébés « étudiés ».

Le sujet du film d’une demi-heure que nous avons visionné, traitait de la question du jeu et de la construction de la pensée à travers le jeu. Par l’observation des bébés, il nous donne des pistes pour savoir quoi proposer aux enfants en prenant en compte cette dimension. Jean Robert Appel nous fait remarquer qu’on peut se demander si l’on doit écrire « jeu » ou « je » tellement les deux notions sont entrelacées.

Pour bien cerner le sujet, il est important de garder en mémoire que la naissance est toujours un bouleversement, un changement de monde. A la naissance un bébé est toujours « prématuré » du point de vue de l’espèce humaine. Il n’est pas terminé. Il est immature (contrairement au bébé singe par exemple). Il n’est pas humanisé (ne fait pas partie de la société), est dépendant de l’adulte et n’a pas conscience de lui-même. On peut citer Winnicott qui disait que « le bébé n’existe pas sans les bras qui le portent ». Pour se construire, il a besoin d’un environnement relationnel et a besoin d’être actif. C’est ce que nous avons pu observer dans la vidéo qui avait pour titre Jeu Action Penser, 1ère année de la vie. Nous avons pu voir des bébés installés au sol avec leurs jeux ( hochets très simples, tissus, bassines, seaux, petits coussins) dans une ambiance sereine, calme, chaque geste de l’enfant nous étant expliqué afin que nous puissions comprendre ce que celui-ci met en œuvre pendant son activité (mise en place de la sensibilité proprioceptive) et ce que cela pourra lui apporter pour l’avenir. Nous avons pu voir notamment dans le détail comment l’enfant apprend à connaître sa main et à s’en servir.  Plutôt que de nous donner une liste de jeux et jouets que l’on peut donner aux enfants, cette vidéo comme toutes celles proposées par l’association nous apprend l’importance de l’observation pour accompagner l’enfant dans son développement, tout en sachant garder une certaine distance pour conserver un lien d’émerveillement. Observer doit être un plaisir et il faut s’ôter de la tête que l’on ne fait rien quand on observe. On est en fait dans une relation avec l’enfant. L’enfant ne peut pas jouer seul mais cela ne veut pas dire qu’il faut jouer avec lui. On doit être présent autour du jeu de l’enfant. L’adulte est un étayage. Il est à noté une corrélation entre l’activité autonome du bébé et la qualité des soins qu’il reçoit. Nous pouvons d’ailleurs noter qu’un enfant très carencé ne joue pas.

La présence de l’adulte étant très importante, il faut en tenir compte dans l’aménagement de l’espace qui est fondamental pour préserver le jeu de l’enfant. Le bébé doit avoir un lien avec les adultes, il ne doit pas y avoir de meubles qui ferment trop son espace. On doit permettre à l’enfant d’aller au bout de son activité sans être dérangé. Il faut faire en sorte de favoriser son activité mais sans intervention. C’est la construction du schéma corporel de l’enfant qui est en jeu. Jean Robert Appel, pour nous faire comprendre cette notion, nous a donné l’exemple très parlant de l’apprentissage de la conduite : quand on apprend à conduire, il n’y a que l’expérience et la prise en main du volant qui va nous permettre d’intégrer la voiture à notre schéma corporel : le fait que quelqu’un d’autre le fasse à notre place n’a aucun intérêt et ne nous est d’aucune aide. Pour le bébé qui joue c’est la même chose. On doit ainsi éviter de lui mettre le hochet dans les mains, ou de lui rapprocher un jeu qui se trouverait hors de portée. Souvent on ne peut pas s’empêcher car on y met nos propres représentations comme la peur de l’échec par exemple. Or, un enfant ne se met pas en échec lorsque cela vient de lui. Il n’y a que si il répond à une demande de l’adulte que l’échec peut intervenir, car pour nous le résultat est plus important que le processus. Or Du point de vue de son développement, le plus important c’est le processus qui importe plus que le résultat. D’autre part, on croit lui apporter de l’aide mais on lui enlève le plaisir de trouver la solution. Le résultat est bien sûr très important aussi puisqu’il viendra valider le processus mais les enjeux de son développement se jouent dans le processus. Il est donc parfois nécessaire de se freiner et l’observation peut nous aider à calmer nos angoisses. Il faut savoir le laisser vivre les difficultés en l’accompagnant.

Lors des explications qui ont suivi la vidéo, Jean Robert Appel nous a aussi permis d’aller plus loin dans l’observation en nous parlant des différentes formes d’attentions que l’on pouvait voir chez l’enfant en train de jouer. Cette attention peut revêtir 3 formes :

-         l’attention flottante
-         l’attention soutenue
-         l’attention concentrée

L’attention flottante est souvent celle dénigrée par les adultes. L’enfant papillonne. Il est disponible au monde. Dans l’attention soutenue, il s’arrête mais reste en lien avec le monde extérieur. Dans l’attention concentrée, il est corporellement, psychiquement, intellectuellement dans son activité du moment. Tout est mobilisé pour le jeu. Le monde extérieur n’existe plus. Les 3 formes sont importantes et un enfant qui va bien passe par ces 3 étapes.

On peut dire que l’enfant qui initie et va jusqu’au bout de son activité construit une bonne image de lui. L’estime de soi, c’est la conscience de soi donc la pensée de soi. Cela fait partie du processus d’individualisation qui va emmener l’enfant au « je ». Il faudra environ 3 ans pour qu’il puisse le faire. En jouant, l’enfant transforme ses capacités (ce que l’on a à la naissance) en compétences. Les enfants expérimentent, apprennent les structures, les notions, les formes…. En jouant, ils se construisent des représentations : ils travaillent les mathématiques ! L’expérience se fait par le corps avant de passer au psychique. Quand un enfant de 12 ans fait ses devoirs, il ne nous viendrait pas à l’idée de le déranger : de la même façon, nous ne devons pas déranger un bébé qui joue. Quand il joue, il met des choses au travail, il construit une pensée logique. Il apprend à apprendre. Intervenir dans le jeu, c’est intervenir dans le « je » de l’enfant.

Pour être complet, nous avons aussi parlé des jeux qui étaient à éviter ou dont on peut fort bien se passer. Dans la vidéo, nous avons principalement remarqué que, pour l’enfant, passer les objets d’une main à l’autre est un geste fondateur d’une importance capitale. Dans ces conditions, il ne faut pas longtemps pour s’apercevoir qu’un jeu comme le portique par exemple ne sera d’aucune utilité pour l’enfant puisqu’il ne permet pas ce mouvement. De la même façon, on évitera aussi tout ce qui coince l’enfant (le transat est ainsi à éviter). Le but recherché sera l’autorégulation des émotions par la liberté de mouvement. On évitera les jeux trop compliqués. D’eux-mêmes, les bébés vont vers la complexité. Ce sont les jouets simples qui fournissent le passage à la complexité. « C’est l’enfant qui est intelligent, pas le jouet ».

Pour les personnes qui s’interrogeraient sur l’âge auquel on peut proposer ces séances de jeux libres aux bébés, Jean Robert Appel nous indiquera que l’on peut poser un tout-petit sur un tapis pour qu’il joue à partir du moment où il est capable de regarder et  de joindre ses mains.

Petite notes personnelles pour finir : parmi les sujets traités, certains ont bien entendu plus particulièrement attiré mon attention. Ainsi je me suis ainsi aperçue que j’avais encore des progrès à faire puisque bien que formée sur le principe, je suis encore embarrassée lorsque j’entends qu’il ne faut pas intervenir même lorsque l’enfant est en difficulté. L’animateur a bien insisté sur le fait qu’il fallait dans ce cas, accompagner l’enfant par la parole mais ne pas intervenir physiquement. C’est ce que je fais d’ailleurs, sauf lorsque j’estime que l’enfant n’est plus dans ce que l’on pourrait appeler la difficulté mais dans  l’angoisse. Pourtant à bien y réfléchir, je suis sûre que bien souvent, ce que j’appelle angoisse serait jugé comme une simple difficulté par quelqu’un de plus aguerri et sans doute que dans certains cas, je me précipite trop tôt.

Lors des discussions il a été aussi demandé, si nous devions verbaliser pour l’enfant, les gestes, les émotions, les actions qu’il effectue. En gros, devons-nous lui parler de son jeu pendant qu’il joue. Pour Jean Robert Appel, les échanges avec l’enfant seront plutôt à réserver au moment des soins. Ils ne sont pas nécessaires lors du temps du jeu.

Autre piste qui me servira sans doute dans mes pratiques à venir, Jean Robert Appel a dit quelques mots sur la période d’adaptation qui pour lui, devrait plutôt se passer en présence des parents, afin que chacun puisse prendre ses marques. Instinctivement, je le sentais aussi comme cela puisque chez moi, le premier jour, les parents restent à mon domicile pendant l’adaptation mais c’est vrai que je pourrai renouveler l’expérience les jours suivants. C’est effectivement à étudier.

Voila pour mon petit compte rendu personnel. Sachez que normalement, un compte-rendu plus officiel devrait être publié par l’association dans la revue « les métiers de la petite enfance ». Pour les lyonnais sachez aussi que l’association Pikler sera présente au SalonPrimevère à Eurexpo les 24 25 et 26 février 2012 avec notamment une conférence de Miriam Rasse, directrice de l’association Pikler Loczy-France. On nous annonce aussi une journée d’études très intéressante pour le 31 mars 2012 dont le thème sera  LOCZY : DE LA POUPONNIERE A LA CRECHE (L'expérience de la crèche de l'Institut Pikler de Budapest, filmée par Bernard Martino). Cette journée d’études se déroulera aussi au Collège Gilbert Dru en présence de Bernard Martino.