lundi 25 novembre 2013

Activité libre, activité autonome : intérêt pour l’enfant ? Rôle de l’adulte ? Importance de l’environnement ?

Le 21 novembre dernier, comme tous les ans j'ai assisté aux rencontres de novembre des assistantes maternelles organisées par le groupe lyonnais de l'association Pikler. 

Cette année, la soirée avait pour thème :

Activité libre, activité autonome : 
Intérêt pour l’enfant ? Rôle de l’adulte ? Importance de l’environnement ?


J'avais déjà assisté à des réunions sur l'activité libre, mais j'y suis allée tout de même avec un grand enthousiasme grâce au petit résumé du contenu que nous proposait le site de l'association : 

Comment, au domicile de l’assistante maternelle, aménager l’espace, proposer du matériel et des jouets adaptés pour permettre un libre-choix de l’enfant sans pour autant « laisser-tout-faire » ? 

De cette phrase là, j'en attendais beaucoup. Trop sans doute puisqu'au final, sur le sujet précis  qui m'intéressait (l'aménagement de l'espace et le "laisser-tout-faire") j'ai été un peu déçue, l'intervenant lui-même avouant non sans humour, qu'il n'en avait pas beaucoup parlé, mais que c'était pour qu'on soit obligé de l'inviter à nouveau  l'année prochaine ! 

Ma petite déception digérée, je dois admettre que la conférence fut quand même bien menée, que je l'aurais très certainement adorée si j'avais moins bien maîtrisé le sujet, et que au final, j'ai quand même réussi à apprendre des choses et à trouver de nouvelles idées pour mes petits trolls.

Mais, plutôt que de vous raconter ma vie, entrons donc dans le vif du sujet :

le compte-rendu !

C'est devant une assistance un peu moins clairsemée que l'année dernière (bien qu'encore beaucoup moins dense que lorsqu'il s'agit d'une soirée où tous les professionnels de la petite enfance sont conviés) que l'animateur de la soirée, Olivier Gilly, a donc pris la parole. 

Olivier Gilly est un pédagogue de formation qui a la particularité d'avoir une double casquette d'architecte d'intérieur et d'éducateur de jeune enfant. Il travaille dans un centre de formation en région parisienne (le CERPE) et intervient dans des crèches familiales. 

Quelques personnes dans l'assistance ne connaissant pas les travaux d'Emmi Pikler, la soirée a débuté par un rappel sur cette pédiatre hongroise qui a dirigé la pouponnière de Loczy et qui a cherché par ses travaux à minimiser les carences des enfants privés de milieu familial ( Loczy accueillait au départ des enfants qui devaient être séparés de leur mère atteinte de tuberculose). 

Son travail s'inscrit dans la mouvance des pédagogies nouvelles qui bien que présentes dès le début du XIXème siècle, ont réellement vu le jour après la 1ère guerre mondiale avec la prise de conscience que l'humanité courrait à sa perte. Certains pédagogues ont mené une réflexion sur ce qu'il fallait faire pour changer la société et éduquer les enfants différemment. 

Emmi Pikler se retrouve tout à fait dans ce courant de pensée dans lequel on considère l'enfant comme un individu à part entière, en lui faisant confiance et en le regardant de façon individuelle. Cependant, contrairement aux autres pédagogues, elle a la particularité de s'intéresser surtout aux nourrissons.

Pour Olivier Gilly, le travail de Pikler repose sur 4 principes de base : 

-l'importance de l'activité autonome, librement choisi par l'enfant (l'enfant doit être l'acteur de son activité au sens large du terme)

- la valeur des liens tissés entre une personne en particulier avec un engagement dans une relation qui a du sens ;

- la nécessité de favoriser chez l'enfant la prise de conscience de lui-même et de son environnement avec une réflexion sur le choix des jouets, l'organisation de l'espace et un important soutien du travail des gens qui s'en occupent. Emmi Pikler ayant beaucoup travaillé sur tout ce qui pouvait aider les nurses de l'institution dans leur travail, Olivier Gilly a, par comparaison, soulevé le problème de la non-reconnaissance du métier d'assistant maternel ; 

- l'importance d'un bon état de santé général de l'enfant (qui découle de l'addition des trois facteurs précédents) : veiller que les enfants aillent bien et grandissent bien au niveau affectif.

Après cette présentation, Olivier Gilly nous a parlé des activités en elles-mêmes en insistant sur l'importance à donner aux activités autres que celles basées sur l'intelligence. Pour Pikler, il faut être en lien avec les besoins essentiels de l'enfant. Lorsque l'on travaille ainsi, un reproche revient souvent : celui de laisser faire n'importe quoi à l'enfant. Mais ce n'est pas le cas, en agissant ainsi, on laisse l'enfant aller jusqu'au bout de son projet. Mais il n'est pas question de faire n'importe quoi. On doit juste s'interroger sur ce qui permet à l'enfant d'être actif au sens où Pikler l'entend.

Tout le travail consiste à ne pas tomber dans les travers d'une société activiste qui demande d'être dans la production (il faut un résultat). "Il faut mettre un frein sur cette accélération", l'animateur nous donnant l'exemple d'une crèche où il était proposé des ordinateurs aux enfants. Les attentes sont de plus en plus pressantes. On propose trop tôt des activités pour lesquelles les enfants ne sont pas prêts : par exemple on donne des cahiers d'activités graphiques à des enfants qui tireraient plus de bénéfices à s'entraîner à sauter à pieds joints. On note d'ailleurs que les activités au niveau du corps ne sont pas toujours soutenues alors qu'il est important de considérer l'enfant entier.

Olivier Gilly nous a ensuite parlé des préalables qui permettent à l'enfant de se mettre en activité en nous rappelant que pour Pikler, l'enfant ne peut être actif que si on a mis en place des choses qui lui permettent de se sentir en sécurité. L'enfant, privé de ses parents ne peut pas jouer si il ne se sent pas en sécurité physique et affective. Il est ainsi inutile de proposer un jeu à un enfant en difficulté : 

La qualité du lieu d'accueil : 

Chez une assistante maternelle, il faut tenir compte de ce sentiment de sécurité et se demander comment les besoins des différentes tranches d'âge peuvent être protégés sans que les uns ne gênent les autres. Ce qui va garantir le sentiment de sécurité, c'est de mettre en place des espaces qui permettent aux enfants d'aller au bout de leurs expériences sans gêne et sans danger pour les autres. L'organisation de l'espace doit être étudiée pour garantir la sécurité des bébés mais aussi des grands. La sécurité affective est liée à cela. La qualité de l'accueil a une incidence sur l'engagement de l'enfant dans les activités.

La qualité des soins :

Pour Pikler, c'est autour des moments privilégiés à deux que s'installe la sécurité (soins et repas). Pour que l'enfant joue bien, il faut que l'adulte s'occupe bien de lui, qu'il soit suffisamment nourri de relations. Cela lui permet de s'engager dans l'activité. Il faut donc porter une grande attention aux soins et aux repas. L'enfant qui a reçu suffisamment de nourritures relationnelles peut être plus actif. 

Il faut ensuite tenir compte du développement psychomoteur de l'enfant. : 

Au départ, le bébé qui arrive tout petit chez l'assistante maternelle est à une période particulière de sa vie : 

- il n'est pas différencié de sa mère ;
- il a une connaissance partielle de lui-même.

Il faut donc penser à des espaces d'éveil qui lui permettent de traverser cette période, sans provoquer de situations trop tôt, sans le mettre dans des positions dans lesquelles il ne peut pas se mettre tout seul, car en faisant ainsi, on le prive d'étapes qu'il ne peut ainsi pas découvrir par lui-même (mettre un hochet dans les mains d'un bébé par exemple n'est pas une bonne idée ; il vaut mieux le poser à côté de lui). Il faut simplement proposer des stimulations indirectes par le milieu ambiant. Certains jouets seront à éviter comme les centres d'activités qui n'apportent rien. Olivier nous citera l'exemple d'une boite à musique bilingue alors que rien ne peut remplacer le chant de l'assistante maternelle (si faux qu'elle puisse chanter rajoutera-t-il !). En règle générale, il faudra se méfier des jouets complexes. 

Quand l'enfant grandit, il commence à jouer autour de la disparition. Il expérimente la présence et l'absence. On pourra alors lui proposer des récipients, divers contenants pour mettre des objets dedans. Tout ceci est en lien avec la disparition de sa mère. Il se sait désormais différencié de sa mère. Encore une fois, nous n'avons pas besoin d'acheter des jouets complexes. 

Viendra ensuite le temps des activités motrices qui sont un vrai secteur à travailler. Il faut réfléchir à la place qu'on leurs consacre. Chez beaucoup d'assistantes maternelles, le canapé est interdit aux enfants alors que celui-ci est pile à la bonne hauteur pour s'aider à se mettre debout et aussi à la hauteur idéale pour grimper. Si on décide de l'interdire, on doit proposer autre chose qui permette à l'enfant de grimper et de descendre. L'espace doit être aménagé de façon à ne pas passer son temps à interdire, et à éviter les risques. Il doit être pensé pour ne pas mettre en danger les enfants mais aussi ne pas mettre l'assistante maternelle en difficulté. Il est bon  d'utiliser l'environnement pour proposer des choses intéressantes comme des coussins de canapé, des bouées. Il faut être attentif aux grands mouvements, mais aussi aménager des petites cachettes (en transformant une table en cabane par exemple). D'ailleurs Olivier, si vous me lisez, sachez que contrairement à ce que vous nous disiez, il existe belle et bien dans le commerce des nappes-cabanes toutes faites comme ici par exemple : 

http://www.thetrendygirl.net/2012/06/cabane-dinterieur-en-nappe.html/nappe-cabane-enfants-1
Pour résumé, les enfants ont besoin de bouger. Il doit y avoir alternance entre des moments de concentration et des moments de grands mouvements. D'ailleurs, ils ne peuvent se concentrer que s'ils peuvent faire de grands mouvements à leur rythme à eux. 

Arrivent enfin les activités classiques avec les jeux d'imitation. Il faudra penser à proposer des objets pour favoriser cela comme des vêtements d'adultes, des chaussures, des tissus, foulards.... Les jeux symboliques permettent à l'enfant de remettre en scène. On proposera des poupées, des dînettes avec des espaces qui permettent de remettre en scène les repas (tout cela ne sera pas forcément semblable à la réalité) , des objets qui permettent de faire le ménage, des balayettes plutôt que des balais qui peuvent s'avérer dangereux, des jeux de construction simples (on prendra soin de scinder les quantités dans des petites boites selon le nombres d'enfants, chacun ayant sa boite), des petits personnages, des garages très simples les enfants ne s'intéressant qu'à la pente et à l'ascenseur, des animaux. L'intervenant nous a conseillé à ce sujet de faire attention au type d'animaux que l'on proposait, les animaux trop sauvages pouvant impressionner les enfants. J'avoue que je n'y avais pas pensé et que je vais désormais faire plus attention à ce genre de choses. 

On peut proposer aussi des jeux de transvasements de sable ou d'eau. Il parait que beaucoup d'assistantes maternelles n'osent pas se lancer dans ce genre d'activités, pensant que c'est difficilement gérable. C'est pourtant simple nous dit l'animateur : pour le sable, il suffit d'utiliser un plateau à rebords, d'y mettre 3 cm de sable et deux ou trois objets pour permettre le transvasement, le tout installé sur une table. Je confirme c'est très simple et les enfants adorent : pas besoin de grand bac à sable ou de matériel compliqué. Peut-être n'avez vous pas de plateaux ? Moi non plus : j'utilise des moules à gâteaux ou des boîtes vides de jeux de société, pile à la bonne hauteur et j'installe les enfants au sol sur un grand couvre-lit pour éviter les débordements.

Pour les jeux d'eau Olivier Gilly nous a donné l'astuce d'une assistante maternelle qui utilisait des jardinières de balcon qu'elle accrochait dans sa baignoire pour que l'eau soit à la bonne hauteur quand les enfants jouent. Moi je leur propose des bassines ou des casseroles que je pose sur des tabourets en plastique de mes amis les suédois. Il suffit de protéger le sol avec une grande serviette pour ne pas glisser sur l'eau qui se serait échappée malencontreusement de la baignoire.



On peut aussi proposer de la pâte à modeler ou de la pâte à sel. Pour la pâte à sel, parait-il que celle-ci serait plus souple si on remplace 1/3 de la farine par de la maïzena. C'est à essayer. Pour la pâte à modeler j'ai appris avec stupeur que la pâte à modeler maison n'était pas toujours autorisée par les PMI sous prétexte que la poudre d'alun utilisée pour sa création serait toxique si elle était ingérée pure en grande quantité ! A vérifier donc auprès de vos PMI, Mesdames ! Ça me parait hallucinant quand même ! On va bientôt plus avoir le droit de détenir des produits d'entretien sous prétexte que c'est dangereux ! Bref ....

Pour finir, on dira qu'en règle générale, on ne proposera pas avant 2 ans, toutes les activités qui demandent un respect de règles (Activités graphiques, peinture...)

La soirée s'est achevée sur une série de question comme d'habitude. 

Parmi celles-ci, nous avons parlé de la nécessité de proposer les jeux en plusieurs exemplaires identiques même en crèche (3 exemplaires du même jeu au minimum pour les crèches) ceci afin de ne pas mettre l'adulte en difficulté. On ne doit pas demander à des enfants de partager à des âges où ils n'en sont pas capables.  

La question des parcs a été abordée. Quand les espaces sont ouverts en permanence c'est une invitation à y aller. Or il est nécessaire d'avoir des espaces protégés. Un parc peut donc être nécessaire mais il ne faut pas voir celui-ci comme une espace d'enfermement. C'est l'idée de protéger qu'il faut retenir. A noter d'ailleurs que le parc peut changer de destination au cours d'un accueil. D'abord réserver aux bébés, il peut très bien devenir  le repère des grands plus tard afin de protéger leur jeu. Là encore, il faut vérifier ce qu'en pense la PMI car dans certains endroits, les PMI sont contre (à quand un vrai référentiel pour la profession ?). Ceci dit un parc n'est pas obligatoire parfois, obliger à faire un détour peut suffire à créer une protection. On peut aussi (ça, c'est moi qui vous le propose, pas Monsieur Gilly, mais je pense qu'il serait d'accord) poser les meubles perpendiculairement au mur plutôt que contre et créer ainsi des petits espaces séparés. C'est ce que j'ai fait chez moi et les enfants adorent s'y cacher et même s'y enfermer en créant des barrières avec les tabourets (oui encore ceux de mes amis les suédois !).

Nous avons aussi parlé des escaliers et de la nécessité (encore une fois) de demander à chaque PMI ce qu'il faut faire en la matière). En général, les PMI demandent de mettre une barrière de protection. Certaines assistantes maternelles ont obtenu la permission de n'installer la barrière qu'à partir de la 3ème marche d'escalier, offrant ainsi aux enfants un espace de jeu avec les trois marches restantes. Chez Pikler, on propose du matériel de motricité qui permet aux enfants d'expérimenter la montée des marches. 

http://www.pikler-spielraum.net/

Ça n'a l'air de rien mais ce genre de matériel dont la hauteur correspond à celle d'une marche d'escalier aide l'enfant dans son apprentissage. L'enfant monte, descend, recommence.... ça finit par s'inscrire dans son corps et c'est comme cela que l'on peut voir des enfants maîtriser parfaitement les escaliers alors qu'ils ne marchent pas encore ! 

Je n'ai malheureusement ni la place ni les moyens de m'acheter ce genre de matériel qui coûte un bras, mais Olivier Gilly nous a parlé d'une assistante maternelle qui utilisait un step à la place. J'ai trouvé l'idée excellente ! J'en ai acheté un : il m'a coûté 22 euros. Il est pratique car il est réglable sur deux hauteurs. Il est lourd : contrairement à un simple marche-pied en plastique, il ne se dérobera pas sous les gestes des enfants. Je pense que je ne regretterais pas mon petit investissement (d'autant plus que ça me permettra de me remettre au sport ! Si si, on y croit !). 
Image Decathlon.fr

Pour clôturer la soirée, Olivier Gilly nous a lu un texte que beaucoup doivent connaître parce que c'est un grand classique, mais je vous le propose quand même. 

Un jour, un petit garçon partit pour l’école. 

C’était encore un bien petit garçon, et l’école était fort grande. 
Mais quand le petit garçon
Découvrit qu’il pouvait arriver à sa classe
En entrant directement par la porte de la cour
Il se sentit content.
Et l’école n’avait déjà plus l’air
Tout à fait aussi grande.

Un matin
Alors que le petit garçon était à l’école depuis un certain temps
La maîtresse dit :
“ Aujourd’hui nous allons faire un dessin ”.
Il aimait faire des dessins
Il savait en faire de toute sorte :
Des lions et des tigres,
Des poules et des vaches,
Des trains et des bateaux.


Et il prit sa boite de crayons
Et commença à dessiner.
Mais la maîtresse dit : “ Attendez !
Ce n’est pas le moment de commencer ! ”
Et elle attendit jusqu’à ce que tout le monde ait l’air prêt.


“ Maintenant dit la maîtresse,
Nous allons faire des fleurs ”.
“ Chic ! ” pensa le petit garçon
Il aimait faire des fleurs,
Et il commença à en faire de magnifiques
Avec ses crayons rose et orange et bleu.
Mais la maîtresse dit : “ Attendez !
Je vais vous montrer comment faire ”.
Et elle en fit une rouge avec une tige verte

“ Voilà ” dit la maîtresse,
“ Maintenant vous pouvez commencer ”.
Le petit garçon regarda la fleur dessinée par la maîtresse
Puis il regarda ses fleurs à lui.
Il aimait mieux ses fleurs que celles de la maîtresse
Mais il ne le dit pas.
Il retourna simplement son papier
Et fit une fleur comme celle de la maîtresse.
Elle était rouge avec une tige verte.

Un autre jour
Le petit garçon avait ouvert
La porte d’entrée tout seul,
La maîtresse dit : “Nous allons faire quelque chose en modelage ”
“ Chouette ” pensa le petit garçon,
Il aimait le modelage.
Il savait faire toute sorte de chose avec la terre :
Des serpents et des bonshommes de neige,
Des éléphants et des souris,
Des autos et des camions
Et il commença à pétrir et à malaxer
Sa boule de terre.

Mais la maîtresse dit :
“ Attendez, ce n’est pas moment de commencer ! ”
Et elle attendit que tout le monde ait l’air prêt.
“ Maintenant ” dit la maîtresse,
“ Nous allons faire un plat ”
“ Super !” pensa le petit garçon
Il aimait faire des plats
Et il commença à en faire
De toutes les formes, de toutes les grandeurs.
Mais la maîtresse dit : “ Attendez !
Je vais vous montrer comment faire ”.
Et elle montra à tout le monde comment faire
Un grand plat profond.

“ Voilà ” dit la maîtresse
“ Maintenant vous pouvez commencer ”
Le petit garçon regard le plat de la maîtresse
Puis il regarda les siens
Il aimait mieux les siens que ceux de la maîtresse
Mais il ne dit rien.

Il reroula seulement toute sa terre en une grosse boule.
Et fit un plat comme celui de la maîtresse.
C’était un plat profond.


Et bientôt
Il ne fit plus de choses de lui-même du tout.
Alors il arriva
Que le petit garçon et sa famille
Déménagèrent dans une autre maison,
Dans une autre ville,
Et le petit garçon
Dut aller dans une autre école.


Cette école était encore plus grande
Que l’autre
Et il n’y avait pas de porte
Pour aller directement de dehors dans sa classe.
Il devait monter, monter des grandes marches
Et marcher le long d’un grand corridor
Pour arriver à sa classe.


Et le premier jour
Qu’il était là,
La maîtresse dit :
“ Aujourd’hui, nous allons faire un dessin ”.
“ Gai ” pensa le petit garçon
Et il attendait que la maîtresse dise quoi faire
Mais la maîtresse ne dit rien
Elle se promena seulement autour de la classe.
Quand elle arriva près du petit garçon
Elle dit : “ Tu ne veux pas faire un dessin ? ”
“ Si ” dit le petit garçon. “ Qu’allons nous faire ? ”
“ Je ne sais pas avant que tu le fasses ” dit la maîtresse
“ Comment vais-je faire ce dessin ? ” demanda le petit garçon ?
“ Oh ! Vraiment comme tu veux ! ” dit la maîtresse.
“ Et n’importe quelle couleur ? ” demanda le petit garçon.

 “ Si tout le monde faisait le même dessin,
Comment saurais-je qui a fait quoi,
Et lequel est à qui ? ”
“ Je ne sais pas ” dit le petit garçon.


… Et il commença à faire une fleur rouge 
Avec une tige verte.

Helen E. Buckley (traduit de l’anglais).


mardi 8 octobre 2013

Intervenir ou pas ...

Quand vous accueillez des tout petits chez vous, c'est l'une des situations qui arrivent le plus souvent dans la journée : votre petit razmoket N° 1 a devant lui une pièce entière de jouets mais, pas de bol, c'est avec le jouet que votre petit razmoket N°2 tient dans la main qu'il veut absolument jouer !




Avouez, dans ses situations, j'en suis presque sûre, votre premier réflexe c'est de défendre votre petit razmoket N°2 des assauts du premier en lui disant qu'on ne prend pas les jouets des copains. 

Si vous n'êtes pas une débutante dans le métier, vous allez proposer à votre razmoket N° 1 un jouet similaire (parce que depuis quelques années, on ne vous la fait plus, vous achetez les jouets en double !). Ça va résoudre le problème ? Oui... peut-être ... souvent... mais pas tout le temps ! Et si on prenait le problème autrement ? Et si ce n'était pas un problème justement ! Si on les laissait se débrouiller !

Je vous propose de visionner cette vidéo. Regardez tout ce que la non-intervention de l'adulte a permis de mettre en place. Remarquez le ton de l'adulte qui n'est pas réprobateur et qui évite ainsi aux enfants de s'identifier en tant que victime ou agresseur. Observez comment l'adulte invite simplement l'enfant à se servir de mots (le non) au lieu de crier son mécontentement. Admirez tout ce que le petit met en place pour arriver à venir à bout de la situation, tous les apprentissages que cela implique en matière de rapports sociaux ! Et au final réjouissez-vous de la façon dont la scène se termine. Remarquez comme les deux petits finissent par jouer ensemble sans aucune rancœur. Est-ce que l'on aurait fait mieux en intervenant ? Sûrement pas !  



Il est cependant évident que ce "laisser-faire" ne peut pas s'improviser. Pour que cela fonctionne, il faut que plusieurs conditions soient réunies : 

  •   la douce bienveillance des adultes qui entourent les enfants
  •   le lieu sécurisé et "sécurisant" pour eux
  •   la satisfaction de leurs besoins physiologiques 
  •   les jouets choisis avec soin pour leur intérêt et leur absence de danger.

Pour les anglophones, la propriétaire de cette vidéo explique tout cela mieux que moi sur son blog, là : 


dimanche 7 juillet 2013

L'enfant dans sa troisième année


Le 20 juin dernier s'est déroulée au collège Gilbert Dru à Lyon,  la soirée débat de l'association Pikler Loczy France qui avait pour thème "l'enfant dans sa 3ème année". Elle était animée par Sylvie Lavergne, psychomotricienne, que certains d'entre vous ont du découvrir dans le numéro de l'Assmat du mois de mai puisqu'elle signait alors un article consacré à la position assise chez les bébés.

Elle venait donc cette fois nous parler de l'enfant dans sa troisième année. Peut-être est-il besoin de rappeler, si ce n'est pas clair pour tout le monde, que nous parlerons donc d'un enfant entre 24 et 36 mois et non pas d'un enfant de 3 ans révolus. Si la soirée était ouverte à tout le monde, nous avons surtout parlé de l'accueil en collectivité.

La soirée a débuté par un "petit état des lieux" pour mieux connaître cet enfant  que l'on a coutume d'appeler "un grand" dans un accueil collectif.

C'est donc un enfant qui a un certain nombre de connaissances et qui nous montre deux choses : 

  1. Il se connaît de mieux en mieux
  2. Il connaît le monde de mieux en mieux
Cependant, il est encore dépendant d'un adulte car il ne peut pas se reposer sur ses propres forces en permanence. On peut d'ailleurs remarquer que le fait qu'on le considère comme un "grand" dans la collectivité est assez piégeant car il est moins pris en charge de façon individuelle. Il a pourtant encore besoin de nous. Il a besoin d'être soutenu, d'entendre parler de lui et le grand danger est de considérer qu'il n'a plus besoin de nous. 

La grande nouveauté de cette troisième année sera qu'il se mettra à jouer avec les autres. Il a besoin de l'adulte pour l'aider à se tourner vers le groupe. L'adulte sert de filtre et d'accompagnateur pour qu'il fasse des expériences de groupe.

Il comprend le langage, la répétition. Il comprend le déroulement de la journée qu'il expérimente depuis deux ans : il est donc acteur d'anticipation. Il est capable de nous devancer dans les moments de repas, de soins... 

Il est curieux, s'approprie le monde grâce au langage. Il est dans une dynamique relationnelle. Il est "partenaire". Il fait avec, avant l'adulte, il est dans le "moi tout seul". Mais il a besoin d'aide. Pour anticiper, il faut lui laisser le temps de vivre le temps présent. 

Il sait s'occuper de lui. Il sait manger, se servir de plus en plus, aller aux toilettes et gérer sa fatigue (se mettre dans un lieu de repos). 

Quand ses parents sont là, il est curieux de ce qui se raconte sur lui. 

Il a encore beaucoup besoin de nos appuis, notamment de repères d'espace et de temps (où sont rangées ses affaires, sa place à table...) il lui faut une stabilité dans ces repères. 

Dans sa 3ème année, l'enfant est au courant des règles et des limites. Il en est usager. Il a de l'humour. Il va jouer à transgresser. Dans ce domaine, il est acteur et donneur : il rappelle les règles. Il utilise bien le langage, interroge et cherche. Il propose du vocabulaire. Cela lui permet de se présenter parleur au monde pour être entendu. Il s'approprie le langage avec le retour que lui donnent l'adulte et ses pairs. Entre eux, ils se parlent, sont tournés vers l'autre, mais se revendiquent différents. 

Le jeu symbolique est important pour comprendre le monde. C'est une mise en scène de soi. Il comprend le monde en le jouant, tout en restant dans son imaginaire. Il se connaît et il accède au monde par un intermédiaire, l'adulte qui devient un partenaire. Ils sont côte à côte.

Pour devenir autonome (en rappelant que l'autonomie c'est être dépendant de soi) il est important que l'enfant ait sous la main, les outils pour répondre au besoin qui vient. 

Pour le repas, l'enfant doit pouvoir manger à l'échelle de ses trois ans, avoir une place à table. On notera que la socialisation se fait d'autant plus facilement que l'on est moins nombreux à table. Il vaut donc mieux des petites tablées, pas plus de 4 voire 2 x 2, ceci afin de respecter la singularité de chaque enfant. 

Pour le change, il doit être individualisé. On peut proposer à l'enfant de ne plus monter sur la table à langer mais de le changer debout au niveau du sol, si il n'a pas la possibilité de monter seul sur la table à langer. Quand l'enfant ne porte plus de couches, ce n'est pas la peine de lui demander s'il a envie de faire pipi. Il peut gérer seul même si il y a des accidents. C'est son corps, pas le nôtre, et il doit pouvoir aller jusqu'au bout du processus. Pas de séances de pot, cela va sans dire ! 

En ce qui concerne le sommeil, on doit lui proposer un lieu de repos où il peut aller quand il veut. Ce lieu doit être différent du lieu où se situent les livres. Il doit pouvoir accéder au sommeil en autonomie. Il y aura au cours de la réunion une séance diaporama où l'on pourra voir des lits couchettes en accès libre. Des témoignages de personnes assistant à la réunion nous démontreront qu'il est possible de transformer une crèche en lieux de vie avec des lits installés dans la salle principale où l'enfant peut aller quand il veut. 

La présence de l'adulte reste très importante. L'enfant a besoin de savoir quant on va s'occuper de lui. L'adulte redonne le scénario. En connaissant le scénario l'enfant accède à la notion de temps avec l'expérience très difficile des séquences qui donne l'information du temps avec son vocabulaire (avant, après...).

L'enfant a aussi besoin de nous pour qu'on le confirme dans sa personne. L'adulte est entre l'enfant et le monde. Cependant comme il fait beaucoup de choses seul, il est moins avec l'adulte notamment dans les soins. Afin de continuer à individualiser la relation on peut mettre en place un système "d'enfant du jour" : cet enfant peut par exemple aider à mettre la table ou toute autre proposition partenariale. Cela a pour effet de confirmer l'enfant dans ce qu'il sait faire et de le concrétiser en le tournant vers le monde. Chacun son tour, on partage la même tâche pour nous. 

En ce qui concerne le jeu, on doit lui proposer des aires de jeux délimitées avec des objets pour "jouer à". Pour la dînette, il doit y en avoir peu en nombre (pas plus de 4 assiettes par exemple) mais beaucoup en variété. L'enfant a besoin de détail pour jouer. Il n'est pas nécessaire d'avoir beaucoup de fruits et légumes car l'enfant n'est pas capable de faire la relation entre le légume qu'on lui présente et ce qu'il trouve dans son assiette à table. Par exemple, il ne peut pas s'imaginer la carotte qu'il voit entière dans la dînette, en carottes râpées ou en rondelles. On peut très bien se contenter de lui proposer des bouchons de lait à la place: il faut juste lui donner ce qu'il faut pour son imaginaire. Plutôt que des fruits et légumes, on peut lui proposer des torchons, tabliers, nappe, rouleau à pâtisserie...

Il ne faut pas tout donner en même temps. On commencera l'année avec un minimum et on augmentera petit à petit. 

On pourra aussi proposer des déguisements, des voitures, garages,  des poupées avec de quoi les envelopper, des animaux avec des enclos (plus intéressants qu'une ferme), des jeux de construction. On peut aussi donner des objets plus insolites comme des palmes ou des lunettes de plongée. En fin d'année on pourra proposer des jeux de Memory. 

A cet âge on peut mettre en place des activités à règles qui vont nécessiter un mode d'emploi : graphisme, peinture, jeux d'eau, encastrements.... Ces activités peuvent être proposées sur une table à hauteur d'adulte afin de protéger les enfants des assauts des plus petits (sur la table de la cuisine par exemple chez l'assistante maternelle), à deux enfants à la fois maximum. Pour le dessin par exemple on peut organiser le poste de "travail" en présentant peu de crayons et deux cases : une avec des feuilles vierges, l'autre vide pour recevoir les dessins de l'enfant. 

Le coin lecture doit comporter peu de livres (6 livres sont suffisants) que l'on laisse à disposition jusqu'à ce que l'enfant ne s'y intéresse plus. 

Quand on travaille en "inter-âge" il est important de préserver l'espace des bébés pour leur sécurité mais aussi des grands pour ne pas perturber leur durée de jeu. 

On peut se rendre compte que la motricité n'est plus nourrissante pour un "grand". Elle est intégrée dans le jeu. C'est pour cela par exemple que les enfants cherchent à monter sur les toboggans avec des jouets ou des objets dans la main alors que généralement on leur interdit. Pour un enfant dans sa troisième année, le seul fait de monter sur le toboggan ne l'intéresse plus. Il a besoin de l'investir de manière différente et d'inventer un univers dans lequel il intègre le toboggan. Il est donc intéressant de le laisser faire. On peu simplement instaurer certaines règles pour que cela ne devienne pas dangereux par exemple interdire le jet d'objets. 

Pour terminer ce paragraphe "jeu", on peut dire que l'adulte ne doit pas être distributeur de jeux, ceci pour ne pas créer de dépendance. Le rôle de l'adulte n'est pas de jouer. Il est d'aménager et de mettre dans l'aménagement les bons outils du jeu. Reprenons l'exemple de la dînette : les assiettes sont présentées rangées, la table n'est pas mise. Les jeux ne sont pas scénarisés par l'adulte.

Le rôle de l'adulte est aussi de remettre en place les jeux lorsque ceux-ci ne sont plus investis.

Ainsi s'achève mon compte-rendu. Cette réunion a été très intéressante et bien qu'elle concernait surtout l'accueil collectif, j'ai pu en tirer des bénéfices dans ma pratique personnelle en adaptant certains conseils.

En ce qui concerne le passage aux toilettes par exemple, je ne demande plus systématiquement aux enfants s'ils ont envie de faire pipi. Je les laisse gérer leur besoin de bout en bout. Et à mon grand étonnement, ça a immédiatement changé leur comportement. Alors qu'avant il m'annonçait qu'il voulait aller aux toilettes même si ils savaient se débrouiller sans moi, maintenant ils y vont seuls sans forcément m'avertir. Ils ont pris conscience que ça les concernait eux et qu'ils pouvaient se débrouiller sans moi. Ils ont acquis une totale indépendance. Je me sens encore obligée de leur demander d'aller se soulager avant de partir en ballade mais je me soigne ! 

Pour mes aires de jeu, j'ai fait quelques modifications. Avant pour ma dînette, j'avais mis les fruits et légumes bien en évidence sur une étagère et j'avais rangé les assiettes sur un égouttoir à l'intérieur de la mini-cuisine de nos amis les suédois. Je pestais souvent intérieurement car j'avais remarqué que leur jeu consistait surtout à tout mettre par terre, sans plus. J'ai modifié l'aménagement, mis les assiettes plus en évidence sur l'étagère, mis les fruits à l'intérieur de la mini-cuisine, rajouté des éléments de la vie courante : éponges torchons... tout en allégeant le nombre des éléments identiques (chose que j'avais déjà fait mais visiblement pas assez). Depuis ils s'amusent vraiment à mettre la table et surtout ils jouent ensemble (à se donner mutuellement à manger par exemple). 

Prochaine étape : alléger la bibliothèque ! Là j'ai encore du boulot. J'ai déjà remisé quelques livres mais il y en a encore trop dans le coin lecture.  

En ce qui concerne les activités à règles, la réunion m'a enlevé une sacrée épine du pied. J'avais effectivement un problème de gestion de ces moments qui étaient souvent perturbés par l'arrivée inopinée d'un mini troll venant gêner le travail des grands. Écoutant les conseils montessoriens, j'installais ces activités sur une table basse et comme je n'avais rien pour séparer physiquement les moyens et les grands, il était fréquent qu'un dessin soit abîmé, qu'un jeu ou une activité soient prématurément interrompus par un petit razmoket maitrisant tout juste la station debout. Pour résumer, j'avais un problème de gestion de l'espace entre les grands et les moyens dans ces moments là. J'avais même posé la question sur un réseau social à une spécialiste Montessori qui m'affirmait que les enfants pouvaient comprendre et qu'à force de leur dire, les moyens ne viendraient plus embêter les grands. Oui sans doute... sauf qu'entre temps, les grands, n'ayant pas la possibilité d'aller au bout de leur projet, démissionnent. Ne pouvant pas jouer tranquillement, ils se mettent souvent à produit du "moteur" et tout le monde s'énerve  parce que personne ne trouve sa place ! Voulant trop bien faire, voulant trop être dans le "professionnel", j'avais juste oublié qu'à l'âge où on est capable de faire des activités à règles, on est aussi capable de se hisser sur une grande chaise et de travailler sur une grande table ! Je dis donc merci Sylvie. C'est peut être bête mais j'avais besoin qu'on me fasse redescendre sur terre. 

Pour l'histoire des toboggans sur lesquels on peut emmener des jeux, j'ai un peu plus de mal. Oui j'avoue, ça faisait partie des règles de la maison : on ne monte pas sur le toboggan avec quelque chose dans la main ! D'ailleurs, lorsque j'ai commencé à fréquenter le relais par exemple c'était une des règles instaurées par l'animatrice (pourtant piklerienne elle-aussi). Par contre je comprends tout à fait ce point de vue. Aussi plutôt que d'abandonner totalement cette règle, disons que je vais essayer de l'aménager et n'autorisant que les objets sans danger, à condition que l'enfant soit bien installé dans sa motricité et qu'il n'y ait pas foule sur le toboggan. Ça m'a de toute façon permis de prendre conscience des raisons qui conduisent à ce jeu.


Pour finir, je voulais vous donner les dates et les thèmes des prochaines interventions "Pikler" sur Lyon : 


Référence de la formation: ST344

ACTIVITÉS LIBRES, ACTIVITÉS DIRIGÉES, ACTIVITÉS PROPOSÉES, ACCOMPAGNÉES ?
Que proposer aux enfants entre 18 mois et 3 ans ?

Problématique

Que recouvrent ces termes si souvent employés dans les projets pédagogiques ?
• S’agit-il pour les enfants de faire des activités ou bien d’être actif ?
• S’agit-il des actions des enfants ou de ce qui est mis en place par les adultes ?
• Participer à une activité induit-il une action volontairement décidée par l’enfant ?

Contenu

• Qu’est-ce qu’être actif pour un jeune enfant ?
• Le rôle de l’activité autonome dans les apprentissages, le développement de l’intelligence, la construction de la personne.
• Les conditions à mettre en place pour que l’aménagement de l’espace, le choix de matériel et de jouets adaptés permettent un libre-choix de l’enfant et ne deviennent pas un « laisser-tout-faire ».
• Le rôle de l’adulte à réfléchir pour que le plaisir d’agir ne soit pas remplacé par une errance stérile.
• La place des jeux chantés et comptines.

Intervenant(s) :

Jean-Robert APPELL - éducateur de jeunes enfants
Sylvie MUGNIER - psychologue
Durée :4 jours
Date(s) :14-15/10/2013
21-22/11/2013
Lieu :Lyon
Tarif :620 €

La clôture des inscriptions a lieu 5 jours ouvrés pleins, avant la date de la formation

la formation se déroulera de 9h30 à 17h30
à l'Ecole Rockefeller EIAS – 4 avenue Rockefeller – 69373 LYON CEDEX



LES RENCONTRES DE NOVEMBRE DES ASSISTANTES MATERNELLES
Activité libre, activité autonome : intérêt pour l’enfant ? Rôle de l’adulte ? Importance de l’environnement ?

Contenu

Qu’est-ce qu’être actif pour un jeune enfant ?
Et, qu’entend-on par activité autonome ?

Le rôle de l’activité autonome dans les apprentissages, le développement de l’intelligence, la construction de la personne.

Comment, au domicile de l’assistante maternelle, aménager l’espace, proposer du matériel et des jouets adaptés pour permettre un libre-choix de l’enfant sans pour autant « laisser-tout-faire » ?

Rôle et interventions d’une assistante maternelle pour favoriser l’expression de cette activité libre, dès le plus jeune âge et à toutes les étapes du développement.

Intervenant(s) :

Jean Robert APPELL - éducateur de jeunes enfants
Durée :1 jour
Date(s) :21/11/2013
Lieu :Lyon
Tarif :8 €

Gratuit pour les adhérents
Tarif individuel uniquement
Pas d'inscription préalable
Un reçu de paiement pourra être remis aux participants

la soirée se déroulera de 19h30 à 21h30 ( Accueil à partir de 19h00 )
au Collège Gilbert Dru - 42 rue Jeanne Hachette - 69003 LYON


A très bientôt : j'ai d'autres choses à vous raconter, notamment que j'ai une petite place qui se libère pour la rentrée !

lundi 6 mai 2013

Pikler vs Montessori : le match des vidéos cute !

En guise de petite récréation aujourd'hui, je vais vous présenter deux vidéos qui résument assez bien les univers de Pikler et de Montessori. Parce que les mots c'est bien, mais les images parfois ça explique encore mieux ! 

Toutes les deux sont très mignonnes. La première résume l'atmosphère piklerienne et les personnes qui me suivent depuis longtemps la connaissent déjà. Elle a longtemps traîné sur le site principal et sur le forum. La deuxième présentant la pédagogie Montessori, je viens de la découvrir grâce à un lien trouvé sur Twitter. 

On pourra y noter de grandes similitudes dans l'ambiance, dans les jeux et jouets utilisés, dans la douceur qui s'en dégage. On voit poindre aussi quelques différences comme par exemple l'utilisation du mobile. 

Chez Pikler on évite de mettre un bébé directement sous un mobile (aussi joli soit-il) parce qu'on estime que si le tout petit en a marre d'avoir cette chose devant les yeux, il ne pourra faire autrement que de manifester son mécontentement ou son énervement en pleurant pour appeler l'adulte à la rescousse. Ne sachant pas encore se déplacer, il sera obligé de subir ce mobile qu'on lui impose alors qu'il n'en a pas forcément envie. On préférera alors attendre qu'il sache se déplacer pour pouvoir s'en libérer lui-même ou bien si on y tient vraiment, on  positionnera cet objet à côté du bébé pour qu'il le voit en tournant la tête seulement  si il le désire. Ça ne nous empêchera pas toutefois de nous en servir pour la décoration de l'espace de jeu à condition qu'il ne soit pas sous le nez de l'enfant. 

De même on ne mettra pas non plus l'enfant sous un portique comme cela semble être le cas avec la séquence de l'anneau dans la vidéo Montessori. Les raisons invoquées pour le mobile sont valables aussi pour le portique mais surtout ça limite beaucoup le jeu de l'enfant. En effet, avec le portique l'enfant ne peut qu'essayer d'attraper l'anneau. Cette opération va tout d'abord être difficile, l'anneau va se dérober de nombreuses fois avant que le bébé arrive enfin à l'attraper et quand il va enfin y arriver, il ne pourra rien faire avec. Le fait que l'anneau soit accroché à un portique prive le bébé de choses très importantes pour son évolution : porter l'objet à sa bouche pour le découvrir et le passer d'une main à l'autre pour entraîner sa dextérité, juger de son poids, de sa matière, du bruit qu'il fait quand il tape par terre avec.... Chez Pikler, on préférera donc poser l'anneau au sol à côté du bébé et attendre qu'il le saisisse lui-même, par pur hasard dans un premier temps puis consciemment pour l'explorer sous toutes ses coutures. 

Mais je parle, je parle, dans le vide très certainement car la majorité d'entre vous a déjà cliqué sur l'une des vidéos sans passer par l'étape blabla ! Allez, regardez, c'est cadeau ! 

Pikler




Montessori



lundi 29 avril 2013

Des nouvelles de la collection Parent-thèses, et une belle bibliographie consacrée à Pikler

Parmi les ouvrages qui permettent de découvrir l'univers d'Emmi Pikler et les bienfaits que l'approche piklerienne de l'éducation peuvent apporter à l'enfant, je vous avais parlé il y a déjà fort longtemps (et ça se passait sous d'autres cieux), de la collection Parent-thèses. Il s'agissait de petits livres d'une soixantaine de pages, se présentant sous forme de questions-réponses, et qui abordaient différents aspects de la vie du très jeune enfant. Les réponses aux questions des futurs ou jeunes parents étaient apportées par des pédiatres et psychologues, tous spécialistes de l'institut Pikler. Quatre ouvrages avaient été édités : 


Dr J. Falk : En attendant bébé
Dr J. Falk et Dr M. Majoros : Les premières semaines de  votre bébé
Dr M. Majoros et A. Tardos : Repas – Repos
Dr J. Falk et A. Tardos : Mouvements libres - Activités autonomes

Ils étaient, à l'époque, vendus par le biais de l'association Pikler. Or, pour des raisons diverses et variées, l'association ne s'occupe plus de la commercialisation de ces ouvrages. Il reste cependant un stock que l'on peut encore acquérir par d'autres fournisseurs. 

Je ne vous cacherais pas que ces petits livres s'adressent en priorité aux parents. Les professionnels aguerris ne découvriront rien de nouveau à la lecture de ces fascicules. Mais je pense sincèrement qu'ils peuvent être une excellente porte d'entrée, simple, rapide et sans risque (2,50 euros l'ouvrage),  dans l'univers piklerien pour toutes les assistantes maternelles qui n'ont pas encore franchi le pas et qui se demandent encore de quoi il s'agit. Ils peuvent être intéressants aussi pour toutes celles qui voudraient avoir un support écrit pour expliquer Pikler et la motricité libre à leurs parents-employeurs. (Cliquez ICI pour lire un extrait d'un des ouvrages).

Pour en revenir au côté commercial de l'affaire, il y a quelques jours, j'ai été en contact, via ma boite mail, avec un psychomotricien de Besançon, adhérent Pikler depuis 2004, qui m'a fourni tous les documents nécessaires pour que vous puissiez commander le ou les ouvrages qui vous intéressent. Vous trouverez tous les renseignements sur la page du site principal consacrée à la collection, mise à jour pour l'occasion :

http://professionassmat.free.fr/parenttheses.htm

Pour toute commande ou demande de renseignements :
Mail de contact : enlo@orange.fr

Par ailleurs, ce psychomotricien a mis en ligne une bibliographie très complète autour de Pikler, la petite enfance, la psychomotricité et la bientraitance. C'est un lien à visiter de toute urgence : 

http://site-collaboratif.com/Petite-Enfance-Psychomotricite

Une mine de renseignements dont je ne tarderais pas à vous reparler !





dimanche 7 avril 2013

Règles, limites et interdits : le cr de la réunion du 4 avril 2013


Le jeudi 4 avril, j'ai eu le plaisir d'assister à la soirée débat organisée par le groupe lyonnais de l'association Pikler Loczy qui avait pour thème

Règles limites et interdits : comment accompagner l'enfant dans le processus d'intégration des règles ? 

Elle était animée par Diana Zumstein (psychologue).

Avant de commencer je voudrais revenir sur le petit bémol que j'avais signalé à l'annonce de la soirée. J'avais, en effet, cru bon de préciser que le thème allait être traité dans une optique de collectivité et qu'il était donc  destiné à un public de professionnels.

Or le sujet a été beaucoup plus général que ne l'annonçait le titre et je pense que les quelques parents présents ont autant apprécié, peut être même plus, que les professionnels qui eux s'étaient déplacés en masse !

Il y avait effectivement un monde fou  à cette soirée, au point que la salle était une nouvelle fois bondée, que les derniers arrivants ont suivi les débats assis par terre, et que la soirée a du débuter avec une bonne demi-heure de retard (ce qui nous a malheureusement privé d'une vidéo).

Après une brève présentation de Véronique SZTARK, (psychologue du groupe lyonnais de l'association) qui s'est excusée pour la situation  et qui nous a expliqué que les soirées ne fonctionnant pas sur un système de réservations, il était difficile de prévoir le nombre de participants, la parole a été donnée à Diana Zumstein.

 Son intervention a été ponctuée par deux vidéos prises dans une crèche, et par le témoignage d'un papa dont j'ai oublié le nom (qu'il me pardonne).

Si tant de monde a répondu présent à cette soirée, c'est que le thème rencontre en ce moment un très grand succès. Beaucoup d'informations circulent sur le sujet par les livres, par internet ; on débat sur l'autorité, sur la fessée ; mais paradoxalement les adultes sont démunis ne sachant finalement que penser. Il y a donc un fort intérêt pour tous les sujets traitant de la transgression des règles et les comportements agressifs au cours de la socialisation primaire (la toute petite enfance avant l'entrée à l'école).

Avant c'était simple : l'autorité faisait loi ! L'enfant ne pouvait pas s'exprimer. Puis il y a eu Mai 68 avec son célèbre : il est interdit d'interdire ! Il n'y avait donc plus de cadres, plus de limites avec les conséquences qui en découlent.

On peut se demander si entre les deux, il n'y aurait pas quelque chose où chacun trouverait sa place. Ce quelque chose s'appelle l'éducation démocratique.

La soirée comme souvent chez Pikler n'était pas faite pour nous donner des solutions toutes faites, prémâchées, que nous n'aurions plus qu'à appliquer pour que, comme par miracle, ça marche, mais pour nous faire réfléchir. Rappelons au passage que l'approche piklerienne de l'éducation n'est pas une "méthode".

Par exemple, on s'est interrogé sur ce que c'était une limite. Lorsque l'on demande à l'enfant une limite, on lui demande d'accepter de refouler un besoin irrépressible. Déjà, nous adultes, on a un peu de mal avec cela et on voudrait que les enfants acceptent tout, tout de suite. Les adultes ont besoin de sanctions (code de la route par exemple) pour accepter les règles. Les enfants aussi mais accepter les règles ne veut pas dire perdre sa volonté. On va parler d'éducation démocratique qui va passer par la valorisation de soi et l'intégration des règles. Pour fonctionner, cela doit être compatible avec les capacités de l'enfant.

La question des règles est indissociable de la notion de socialisation. L'enfant doit :

  • s'intégrer au groupe
  •  accepter volontairement les règles
  • respecter les autres

mais aussi trouver sa place, ce qui nécessite de connaître ses besoins et d'être capable de les exprimer. 

La construction de la personnalité passe par la conscience de lui-même, de ses limites et de l'existence des autres. Il a pour cela des capacités (connaître et communiquer ses besoins). Encore faut-il que les adultes l'écoutent. Par exemple un enfant sait s'il a besoin de dormir ou de manger mais les adultes ne l'écoutent pas forcément.

Dans l'éducation démocratique on tient compte de l'enfant et on lui fait confiance. Prenons l'exemple du repas. D'accord, il y a un cadre : c'est le moment du repas ; mais l'enfant doit pouvoir choisir si il veut manger. Si on le force, il ne comprend plus car il pense que l'on n'a pas entendu son besoin donc qu'il n'a pas été capable de nous le communiquer. Dit comme cela, on se rend bien compte de ce que cela peut induire  chez l'enfant, sur la confiance et l'estime de soi.

Notons au passage que la socialisation primaire ne requière pas la fréquentation d'un groupe d'enfants. C'est la relation affective de confiance entre l'adulte et l'enfant qui facilite le processus d'intégration des règles. La relation doit être sécurisante.

Intégrer une règle (qui sert à protéger la sécurité de l'enfant et des autres), c'est l'avoir à l'intérieur de soi et la gérer soi-même. C'est un processus long et compliqué. Il faut donc s'interroger sur la manière de présenter les règles aux enfants pour qu'ils les acceptent, en tenant compte d'eux.

Les enfants côtoient plusieurs cultures. Parfois les adultes ne sont pas d'accord entre eux. Imaginez alors la difficulté que cela représente pour un enfant. Dans sa première année, il n'y a pas trop de problèmes. Le bébé ne bouge pas, il n'y a donc pas d'interdit. Puis l'enfant commence à se mouvoir : il bouge ! Et là, on commence à dire non. On pose des interdits ou on demande des choses qui parfois sont irréalisables pour les enfants, comme par exemple de partager des jouets au moment où justement ils se rendent compte que les jouets sont à eux. Ils en sont incapables : il n'y a aucune possibilité de partage au début. C'est d'ailleurs pour cela qu'il est judicieux pour une assistante maternelle de se procurer plusieurs jouets identiques : ça évite  d'avoir à partager alors que cette action ne sera possible que plus tard. On peut d'ailleurs noter que même vers 5/6 ans, les enfants ont encore besoin des adultes pour tous les "jeux d'équipes".

Le meilleur moyen de faire comprendre les règles,  c'est de mettre en place un cadre stable, fiable et repérable : instaurer une ritualisation des évènements. L'enfant peut alors anticiper et s'y préparer activement. Il développe ainsi son sentiment de sécurité et de compétence. Il peut ainsi cheminer du pulsionnel au social car on répond à ses différents besoins physiologiques en tenant compte de ses capacités et de ses micro-rythmes personnels :
  • sécurité matérielle et affective (repère) 
  • être reconnu comme un individu (valable et capable) et non pas en tant que groupe
  • possibilité d'agir par soi-même (être actif et acteur)

Pour prendre l'exemple des repas, pourquoi demander à un enfant de manger plus lentement alors qu'il peut avoir envie de manger vite !

Nous avons ensuite visionné une vidéo mettant en scène un petit garçon de 16 mois en pleine séance d'activité libre dans une crèche. Il s'amuse d'abord à lancer un ballon par dessus la barrière qui délimite l'aire de jeu. Il essaye  de le rattraper avec le pied mais il n'y arrive pas. 

Doit-on intervenir et lui rendre son ballon ? En faisant cela on lui signifierait qu'il n'y arrive pas tout seul. Ça n'aurait pas été judicieux d'autant plus que très vite le ballon ne l'intéresse plus et on le voit s'occuper d'abord avec de l'herbe puis avec une panière qu'il lance aussi par dessus la barrière ainsi que différents jouets qu'il essaye avec succès d'ailleurs de placer dans la panière. Il passe ainsi de longues minutes à passer par dessus bord les jouets qu'il trouve sur son passage. La non intervention de l'adulte au départ a permis une chose très importante : l'élaboration d'un projet ! Elle a été possible parce que les jeux mis à sa disposition permettaient de le laisser faire. On aurait été obligé de lui interdire cette action si les jeux présents avaient été plus lourds car ils auraient pu  blesser les autres enfants présents. Là il n'y a aucun danger, on peut donc le laisser faire. Aucun besoin d'interdire !

Éduquer, c'est accompagner l'enfant pour qu'il puisse vivre ses besoins de manière socialement acceptables. C'est le confronter au principe de réalité mais pas au pouvoir de l'adulte. On doit toujours se demander comment on pourrait dire oui plutôt que non, comment on peut limiter mais pas supprimer, car l'enfant ne doit pas avoir l'impression de tout perdre.

A ce moment là de l'exposé, et pour argumenter ses dires, la psychologue nous a donné l'exemple du toboggan et pour faire un petit aparté personnel, je n'étais pas peu fière car ce qu'elle a expliqué correspond exactement à ma "gestion" du toboggan. 

Vous avez du le remarquer, autour du toboggan, on entend souvent dire "Non pas dans ce sens, faut pas monter par là ! C'est fait pour descendre et pas pour monter ! Personnellement je ne trouve pas ça très judicieux d'interdire à un enfant de monter par la pente du toboggan, d'autant plus que pour un tout petit c'est beaucoup plus facile par là et qu'il peut le faire tout seul alors qu'il pourrait avoir besoin d'aide pour monter par les marches. Pourquoi donner cet interdit totalement inutile ? 

L'enfant a bien le droit d'expérimenter l'engin dans le sens qu'il veut. Par contre rien n'empêche d'instaurer quand même une "réglementation" pour que ce soit "socialement" acceptable. Quand il n'y a personne sur le toboggan, on monte comme on veut, quand il y a du monde  on laisse la priorité aux enfants qui sont montés par les marches et qui veulent descendre ! Il ne faut pas créer un embouteillage en haut des marches qui pourraient, lui, s'avérer dangereux.  On ne fait alors que limiter l'utilisation : on ne l'interdit pas !

Nous avons ensuite visionné une deuxième vidéo nous montrant une petite fille pendant un temps de change. Nous avons pu remarquer que durant le change, l'adulte a négocié avec l'enfant plutôt que d'imposer. Le change a été long, sans le moindre énervement de la part de l'adulte alors que la petite fille ne semblait pas très partante au départ. L'adulte a considéré l'enfant comme un partenaire, sans faire à sa place, sans faire de forcing.

Après cette vidéo dont je reparlerai en fin de compte rendu, nous avons enchaîné sur le thème plus général du choix des règles en crèches.

Celles-ci doivent être :
  1. - peu nombreuses : grâce à la manière d'aménager l'espace ;
  2. - constantes : mais il faut les faire évoluer ;
  3. - délimitées : par exemple on ne tape pas sur un copain, mais sur un jeu si on veut ;
  4. -  hiérarchisées avec :
    • les interdits,
    • les règles liées à la vie en communauté
    • les valeurs et les attentes de l'adulte. Ces dernières ne devraient pas faire l'objet de négociation mais plus d'une imprégnation progressive de l'enfant.

S'il n'y avait qu'une chose à retenir de cette réunion c'est à ce stade que nous l'avons abordé : Si l'enfant n'obéit pas, ce n'est pas pour vous embêter ! Il ne vous provoque pas ! Il vérifie que la règle est bien une règle, qu'elle est toujours valable et aussi quel genre de relations la transgression de celle-ci va donner.

Il peut arriver aussi qu'il ne connaisse pas la règle, qu'il soit inquiet, pas bien, qu'il veuille que l'adulte s'intéresse à lui.

Certaines règles sont difficiles. Il faut alors l'aider à les respecter par la négociation.

Pour finir nous avons abordé la question de l'agressivité.

Diana nous a donné la vraie définition de l'agressivité : il s'agit d'un acte intentionnel, volontaire, conscient qui provoque une douleur psychique. Quand on prend cette définition il n'y a donc pas beaucoup de véritable agressivité au cours de la socialisation primaire.

Il faut faire la part des choses entre les mouvements d'agressivité et les mouvements de découverte. Prenons l'exemple d'un bébé qui écrase un autre bébé dans une aire de jeu. Il ne s'agit pas là d'agressivité et nous ne devons intervenir que si l'enfant en fait la demande explicite. Si on intervient trop, l'enfant n'apprend pas à gérer et on est alors obligé d'interdire tout le temps.

L'agressivité peut prendre 2 formes : les décharges de tension qui peuvent être éradicables, et les conflits entre deux individus qui se règlent avec l'éducation.

Elle peut découler de 3 situations :
  • des besoins non satisfaits (sommeil, faim....) en répondant à ses besoins on fait disparaître l'agressivité.
  • quand l'enfant ressent la menace de perdre sa place dans une relation importante
  • quand on gêne l'enfant, qu'on l'empêche d'agir par lui même (il faut donc anticiper)

On pourrait finir par cette phrase : l'agresseur est un enfant en souffrance et non pas un enfant qui fait exprès pour nous embêter !

Il y avait semble-t-il beaucoup de questions après cet exposé mais malheureusement peu de temps pour y répondre.

Une maman a demandé comment elle devait gérer lorsque son enfant ne voulait pas prendre sa douche (opération qui semblait poser des problèmes quotidiens) Elle se demandait notamment si elle devait l'obliger ou céder à l'enfant. Diana lui a fait remarquer que la douche n'était pas obligatoire, que la seule obligation c'était de se laver, qu'elle pouvait donc proposer autre chose à l'enfant pour qu'il accepte de se laver sans pour autant passer par l'étape douche, sans oublier de  lui reproposer régulièrement sans l'obliger.

Une question a porté sur les punitions : punir fait partie de l'éducation autoritaire. Dans l'éducation démocratique on ne punit pas ! Par exemple quand on voit deux enfants qui se battent, on les sépare. Mais cette séparation n'a pas pour but une réflexion ou une punition. C'est simplement pour qu'ils puissent continuer à jouer.

Une personne a voulu revenir sur la deuxième vidéo, celle du change de l'enfant. Il lui semblait totalement impossible qu'en collectivité on consacre autant de temps au change d'un seul bébé (dans la vidéo l'opération dure bien 9 minutes pendant lesquelles l'adulte est donc seul avec un seul enfant, chose qui lui paraissait impossible en accueil collectif). Diana a dit qu'il s'agissait simplement d'une question d'organisation de service et qu'il fallait donc y réfléchir en amont. Elle a demandé à l'assistance si quelqu'un avait des exemples d'organisation à proposer. Le temps nous a manqué pour les réponses. 

Personnellement, je n'ai rien dit car je ne travaille pas en collectivité donc j'aurais été un peu hors sujet mais il se trouve que dans ma pratique, je fonctionne comme sur la vidéo : un change lent, qui ne force jamais l'enfant, qui explique chaque geste qui négocie, qui propose à l'enfant de faire lui même tout ce qu'il est capable de faire comme par exemple d'aller mettre lui-même sa couche dans la poubelle (dans la vidéo, l'enfant montait lui-même sur la table à langer : je ne suis malheureusement pas équipée pour cela !). 

C'est vrai que pendant ce temps là, les autres enfants que j'accueille se gèrent seuls. Une dizaine de minutes sans réelle surveillance ça peut sembler long ! Sauf qu'avant j'ai réfléchi à la chose. J'ai aménagé l'espace de jeu pour qu'il soit sécurisé au maximum : pas d'objets fragiles qui pourraient casser, pas de choses ou de produits dangereux, des jeux à disposition que les enfants, même tout petits, peuvent prendre seuls. Le lieu de change est visible de la salle de jeu (ce qui sécurise les enfants). J'évite de me lancer dans un change quand je sais que je ne vais pas être disponible. J'essaye par exemple de les réaliser pendant que les enfants jouent librement et pas quand on fait une activité dirigée. Je range les jeux qui, je le sais par expérience, sont susceptibles de créer des conflits entre les enfants. Je les préviens que je ne veux pas être dérangée, en précisant à ceux qui n'ont pas de couches que je vais être indisponible pendant quelques minutes et que si ils ont une petite envie, il vaut mieux me demander maintenant. 

Avec les enfants qui sont arrivés à l'état de mini-crevettes chez moi, il n'y a jamais de problème. Ils comprennent très bien parce qu'ils savent comment ça fonctionne l'ayant eux-mêmes expérimenté et ayant été ainsi sécurisés. Il se trouve qu'en ce moment j'ai un enfant qui est arrivé chez moi avec un statut de grand troll. Pour lui c'est moins évident : comme par hasard c'est toujours quand je suis avec un bébé sur la table à langer qu'il a une irrépressible envie d'aller se soulager ! Avant de connaître Pikler, j'aurais bâclé le change du petit pour pouvoir emmener le grand aux toilettes. Peut être même que je me serais mise en colère quand je me serais aperçue que la grosse envie n'était pas réelle. J'aurais peut être même pensé que l'enfant le faisait exprès pour m'embêter, ou par jalousie par rapport au petit, voire par méchanceté. Je sais maintenant d'une part qu'il n'y a pas urgence (qu'il n'y a donc pas lieu de s'inquiéter) et d'autre part qu'il ne fait pas ça pour m'embêter, qu'il s'assure simplement qu'il bien compris la règle et veut savoir ce qu'il va se passer si il ne la respecte pas. Je continue le change tranquillement en lui précisant que je m'occuperai de lui après quand j'en aurai fini avec le changement de couche du bébé. Je précise que mon grand troll ne s'est jamais roulé par terre de rage après que je lui ai signifié cela.

Sur une question traitant de l'agressivité d'un enfant, j'ai été un peu gênée de voir une réaction assez récurrente je trouve dans le métier qui est d'accuser les parents, de les rendre responsables de cette agressivité soit en la provocant soit en ne tentant rien pour la freiner. C'est un peu facile et complètement inefficace. Devant un enfant agressif et donc en souffrance, on doit s'interroger sur les moyens que l'on doit mettre en oeuvre, nous, pour que l'enfant se sentent mieux. Rejeter la faute sur les parents, c'est plus simple bien sûr mais cela ne résoudra jamais le problème de cet enfant. 

Ainsi s'achève mon compte-rendu. La prochaine réunion du groupe lyonnais de l'association Pikler se déroulera le 20 juin. Elle traitera de l'enfant dans sa 3ème année, avec aux commandes la psychomotricienne Sylvie Lavergne. 


dimanche 10 février 2013

Pikler chez Oum Zaza

Image Oumzaza.fr
Ce sera juste un petit partage de lien pour aujourd'hui. Je l'ai déjà proposé sur la page facebook de ce blog, mais là-bas, les informations partent très vite aux oubliettes et je ne pense pas que la totalité des 800 et quelques membres de la page ait pu en profiter (D'ailleurs au passage, vous avez le droit de nous rejoindre là-bas ou d'amener des copains, histoire de faire bouger le compteur !)

Alors voila, ça se passe chez Oum Zaza (un portail pour les familles musulmanes), ça parle de Pikler et c'est drôlement bien fait. C'est tout à fait complémentaire avec ce que vous pouvez lire ici parce que ça a le mérite d'être fait par quelqu'un qui découvre cette approche et qui du coup met l'accent sur des choses que moi-même j'oublie de vous dire, parce que c'est devenu naturel pour moi ou même parce que ça l'était même avant que je base mon travail sur les travaux de cette pédiatre. 

Pour exemple, je ne citerais que le fait de parler au tout petit de ce que l'on va lui faire. Pour moi, c'est une évidence je l'ai toujours fait, et je n'ai même plus conscience que certains parents pourraient me prendre pour une demeurée en m'écoutant parler. Non pas que je "gagatte" avec le bébé, au contraire : simplement je le préviens de tous les gestes que j'effectue sur lui. Ça n'a l'air de rien et pourtant ça change beaucoup de choses. Et là je pense à toutes les professionnelles qui préconisent de donner des jouets aux bébés pendant qu'on les change. Personnellement je n'en ai pas besoin. Le bébé participe très vite aux opérations, sait ce qu'il va se passer, m'écoute et ne manifeste aucune impatience et aucune peur.

L'article met aussi l'accent sur l'activité libre, autre pilier de l'approche Pikler qui revêt aussi une importance capitale et qui est lié à la qualité des soins que l'enfant reçoit : il joue librement en toute sérénité car il a confiance en l'adulte qui s'occupe de lui.

Je vous laisse visiter, tout est dit là-bas : 


C'est tellement bien fait qu'on leur pardonne la petite faute du début à Pikler et le fait d'employer le mot méthode alors que ce n'est pas véritablement une "méthode" à part entière.